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Variations sur la mort

+ d'infos sur le texte de Jon Fosse traduit par Terje Sinding
mise en scène Pascale Nandillon

: Notes de travail

1. Les paroles


VARIATIONS sur la mort est l’histoire d’une mort, d’une renaissance ; c’est un récit sur la présence des fantômes… L’étrange et le mystère sont à l’œuvre sous la banalité des faits et des mots quotidiens.


L’acteur entre, il parle, il est quelqu’un, il est une couleur, peut-être un sourire. Il sort, il n’est plus rien, plus même une ombre ou un souvenir. C’est le texte qui le définit, qui construit son être.


C’est la juxtaposition des soliloques qui crée les dialogues. Pour faire entendre ces solitudes, les comédiens ne sont jamais dans la réaction du tac au tac, encore moins dans les commentaires ou les intentions. Ils sont seuls, autonomes, ils ne se trouvent ni dans le même espace temporel ni dans le même espace mental. Ils sont uniquement dans un espace acoustique commun, comme baignés dans un même liquide, et c'est à travers cette acoustique qu'il y a contact, que des rapports se créent. Leurs paroles se rejoignent dans le timbre, par contamination ou capillarité ; ils sont ensemble dans cette nappe sonore sans assemblage et c’est ainsi qu’ils finissent par former un chœur, une polyphonie de voix.


Des événements rythmiques de plus ou moins longues portées, des interruptions aussi, comme une brusque accélération qui fait que tout le monde, pris en un même mouvement, se met alors à décliner la même chose de l'endroit où il se trouve.


1. La parole


Les acteurs résistent à la logique du texte et au piège de la forme. VARIATIONS et VIE en capitales, mort en minuscules. Ils laissent les sens s’écrire seuls, comme à leur insu, par l’agencement des partitions et à travers les répétitions, les récurrences. Ils sont simplement dans le présent, dans ce qu’ils disent, sans anticipation ; ils ne sont pas figés par le texte, ils le font exister fragment par fragment, chaque fragment étant un monde en soi, un tout, de sorte que chacun peut s’arrêter là et sortir comme il peut continuer et rester… Une chose dite par un corps peut être reprise plus tard par un autre, avec une VARIATION, comme déplacée dans un autre temps. Et puis, les personnages s’inventent et se remettent au monde les uns les autres. On ne sait pas qui est l’enfant de qui, qui vient d’où…
Le texte de Jon Fosse ne fournit pas de prise, il glisse et se développe en spirale, avec des retours qui ne sont jamais des retours au même point, avec des événements…


2. L’image


Une chose a eu lieu, elle est révolue, morte, on la quitte, on n’est déjà plus au même endroit. On est en permanence en train de rejouer les rencontres, on est toujours déjà ailleurs, comme toujours à côté de soi aussi, entre deux. C’est comme si on regardait ce qui vient d’avoir lieu : même si on est proche de l’autre, on peut le voir de loin et inversement. « Comme si »… ce sont les premiers mots du texte. « Comme si c’était là tout le temps / et jamais… ». La répétition est toujours différente, il y a évolution, érosion, dissonances : ce n’est donc jamais mécanique. Les présences aussi sont travaillées par l'érosion – comme surexposées. Elles deviennent extrêmement sensibles aux moindres VARIATIONS.


Restituer le texte comme il est écrit, mais aussi la VIE entre le texte. Avant et après le texte, il y a une VIE. La VIE continue. Du coup, pour chaque comédien, chaque connaissance, c’est affaire d’échos et de résonances intimes, de chant intérieur. Ca vibre. Je vibre. On, ça, c’est je et nous.


Ca bat comme le sang. C’est un travail de reconnaissance entre ce que je dis et comment ça agit sur nous. C'est aussi un travail de révélation. Pour se faire, il faut chercher le rapport concret aux mots, aux partenaires, aux silences, et se laisser travailler par la matière du texte. Ca vibre et ça bat parce que c’est concret et intense.


2. Les images


Je, nous. Toujours en mouvement vers quelque chose qui échappe, nous allons vers un autre état de présence et de perception, un état où nous abandonnons les certitudes, où nous laissons mourir quelque chose pour qu’apparaisse autre chose. VARIATIONS sur la mort est l’histoire chorale d’une mort, d’une renaissance, d’une réconciliation. C’est une histoire de fantômes et, pour chaque acteur, c’est aussi une histoire de dépouillement : la voix a priorité sur le sens… C’est abstrait et, en même temps, « tout le temps et jamais », c’est un récit fait de quotidienneté, de paroles très simples. Après tout, les fantômes ont bien le droit, eux aussi, à la banalité du quotidien.

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