: VARIATIONS, par Pascale Nandillon
1.
ouvrir l’espace entre le langage et soi
un espace acoustique par excès ou par défaut
entre nous
la parole non dite
celle de personne
adressée à tous
parole de tous
adressée à personne
ainsi naîtrait le chœur
la parole surgit incertaine
polyphonie
des voix qui se frottent se touchent se confondent
nappes sonores fluctuantes
qui irriguent l’ensemble du tissu textuel
écho de l’incessant et énigmatique
mouvement d’un monde en formation et en dissolution
ne rien présupposer
mots notes sont comme mur chaise corps
ils ont la même valeur
c’est leur agencement qui restitue
le chant du texte son ossature
mot à mot les voix reconstruisent déconstruisent
l’image celle d’une disparition
voix corps menacés d’extinction
engloutis dans les vagues du texte ces courants et contre courants
2.
dire le passage du temps en spirale maintenant par la main
dans un autre temps cyclique
celui d’une création
naissance mort renaissance
rencontre séparation réconciliation
en spirale se déclinent les thèmes de nos vies extra ordinaires
Tout a disparu
Et il ne reste rien
Et pourtant
Oui c’est là
Sous une autre forme
c’est une histoire de fantômes
seul ensemble
dans le texte de Fosse nous sommes à chaque instant
dans l’écart
dans l’expérience de la séparation
un et un ça ne fait pas deux soliloques mais
je, nous
six solitudes six partitions
trois couples trois âges trois récits
ou plutôt sept avec le silence ses blancs et ses marges
dans la trame que tissent les voix
un visage apparaît disparaît
celui de la jeune fille
le sien le tien le nôtre
Et son visage
son visage
Elle n’était plus là
Elle n’était plus dans son visage
Son visage était vide
les corps s’effacent les évidences s’estompent
surgissent alors d’autres réalités
se connaît-on soi-même se reconnaît-on en l’autre
nous sommes-nous déjà rencontrés
tenter de rejouer les rencontres toujours les mêmes chaque fois différentes
c’est une histoire qui se répète en écho à une histoire
qui aurait été vécue ou qui reste à vivre
Tout est si loin et tout vient d’arriver
il y a toujours répétition mais aussi
évolution érosion à l’intérieur de la répétition
reste finalement une partition où les VARIATIONS orchestrent
timbres de voix fréquences dissonances
vibration de la note jusqu’à l’accord du silence
l’écriture simple de Jon Fosse
l’innocence l'enfance (de l'art) la fraîcheur l’accord
1.
cependant toujours se poursuit la traversée solitaire
entre lumière et obscurité
et à l’aveugle se construit un pont Puis je t’appelle
Je prononce ton nom Tu prononces mon nom
entre toi et moi
jusqu’à peut-être la fin le mot de la fin
qui n’est ni parole dite ni parole tue
mais silence
VARIATIONS et VIE en capitales
1.
cependant à l’intérieur à corps perdu et à tue-tête
un reste à chanter si grand ou si petit qu’il nous laisse
sans voix démuni
une ancienne rengaine de très loin nous revient
une couleur peut-être un sourire
toute proche dans l’espace qui sépare acteur spectateur elle résonne
elle se fait l’écho de nos peines de nos amours
les refrains du poème dans le texte ou dans la chanson
redisent notre vertigineux mal de vivre
2.
qui quoi embrasses-tu quand tu étreins
quelle part de toi quelle part d’éternité
de qui es-tu l’ami
l’ami l’inconnu apprivoisé s’approche
au seuil du dehors s’entend l’écho de l’en deçà de l’au-delà
comme une fêlure dans la fibre du silence
dans l’eau elle retourna dans l’eau elle disparut
dans un espace vide un berceau une chaise vide
l’espace est ouvert de toute part inondé de lumière
je suis partie de cette image
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.