Buñuel est un surréaliste qui s'ignore, ce n'est qu'après le visionnage de Mon chien andalou qu'il fut admis dans le cercle d’André Breton. Se pencher sur la vie d'un réalisateur surréaliste « apatride », c'est interroger les bienfaits d'un métissage culturel avec recul mais aussi se confronter à sa méthode de création.

Par surréalisme nous entendons la définition de son manifeste « Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale [...] Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d'associations négligées jusqu'à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. », a ceci près que ce mouvement est indissociable de son engagement politique.

Buñuel, à travers ses films, va faire l’expérience de l'héritage surréaliste en soulevant de nombreuses problématiques propres au bassin culturel aragonais: la religion, la colonisation, l'opus dei, la mort, le et la politique, le franquisme, la liberté, la misère, la bourgeoisie, le sexe, etc. Il transporte avec lui tout son bagage culturel qu'il imprègne dans chacune de ses créations.

Notre projet est de faire l'expérience de ce que l'on a pu digérer du surréalisme sur un plateau de théâtre, requestionner le sens esthétique et critique. L'Espagne a-telle souffert du manque de Buñuel ? Peut-on dire que l'on constate une extinction progressive du rayonnement culturel espagnol ? Quelles en sont les causes ? Est-ce applicable au modèle français ? Que signifie le déclin d'une culture pour un peuple ?

Ces questions se sont posées pendant le travail, il arrive que le spectacle apporte ses réponses. En vérité c'est au spectateur rendu actif de bien vouloir apporter des solutions.