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L'Art de la Comédie

+ d'infos sur le texte de Eduardo De Filippo traduit par Huguette Hatem
mise en scène Philippe Berling

: Note d’intention

L’Art de la comédie est un grand classique du vingtième siècle. Il reprend magistralement les thèmes du rapport de l’artiste au pouvoir, du théâtre dans le théâtre, du paradoxe du comédien, et de la méprise confinant à la chute originelle, tout cela d’une manière limpide, concrète, joyeuse.

UN SPECTACLE QUANTIQUE


Strehler disait de De Filippo qu’il était « une corde folle » : une corde qui ne sonne jamais tout à fait pareil et pourtant toujours juste. Dans cette pièce en particulier, où nul ne saura jamais si les personnages sont réels ou fictifs, le principe d’incertitude est roi. De Filippo est l’un des plus grands dramaturges quantiques ! Toujours en mouvement !


Cette pièce va aussi dans le sens de mon goût pour cacher le théâtre, faire du théâtre dans le réel sans qu’il se voie, mettre du théâtre dans la vie réelle sans que les gens s’en rendent compte, en douceur.


LA CHUTE ORIGINELLE


C’est le cauchemar du préfet, un cauchemar qui tombe sur ce représentant de la loi, celui qui veut et doit bien faire parce qu’il vient tout juste d’arriver. Il se trompe de papier, il a un subalterne qui le trahit sans le vouloir (?) parce que c’est ainsi… malgré lui, malgré eux, le préfet et son secrétaire tombent dans l’arabesque. Ils tombent et s’empêtrent dans le dédale des faux semblants, dans l’inconnu effrayant de l’absence de frontières.


Comment une petite méprise, un acte manqué insignifiant engendre le complet retournement de la situation et une apothéose magnifique.
Et comment la chute porte en elle l’élan de la remontée, dirait la Kabbale.
Le Paradis est-il bel et bien verrouillé ? Croquer la pomme, goûter à l’arbre de la connaissance n’engendre- t-il pas un voyage autour du monde pour voir si par hasard il n’existe pas une entrée par derrière pour retourner au Paradis ?


Alors l’acteur (le préfet) devient spectateur de sa propre histoire, les rôles sont inversés, le monde est à l’envers, le monde est magnifiquement carambouillé. Quelle plus belle chute que celle imaginée par De Filippo laissant finalement tout le monde, acteurs et spectateurs, dans le doute : vérité ou fiction ?


LE SPECTACLE INAUGURAL


Voilà un premier spectacle pour ouvrir, je le souhaite, en beauté la première saison de ce nouveau lieu de création qu’est le Théâtre Liberté de Toulon.


Ce sera un spectacle de troupe emmenée par la grande comédienne, Clotilde Mollet.
Elle incarne idéalement cette « chef de troupe », ce personnage de Campese chez De Filippo, exemplaire directeur d’un théâtre populaire et exigeant.
Face à elle, Alain Fromager, pour camper un préfet autoritaire mais vite débordé par ses faiblesses et son humanité.
A leurs côtés, un grand acteur algérien pour interpréter le médecin dont on ne saura jamais s’il est victime de persécution ou de paranoïa : Lyes Salem. Comme dans le sketch de Fernand Raynaud où l’immigré « venu manger le pain des Français », chassé par la population, se révèle être le boulanger arabe. Ainsi que Jacques Mazeran, dont le talent comique et la sensibilité ne sont plus à prouver, pour incarner le secrétaire maladroit… à moins qu’il n’y ait du Iago en lui, un certain goût pervers pour la manipulation ?
Ce sera une préfecture anonyme de province, comme Toulon peut l’être sous certains aspects, une ville du bassin méditerranéen avec son église, son curé, son médecin, son pharmacien et un couple de paysans que l’on pourrait croire crétins, descendus des hauteurs voisines, opaques, mystérieux, plus présents que la normale.

Philippe Berling

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