: Entretien avec Stanislas Nordey
Entretien conçu par Louison Ryser, réalisé par Frédéric Vossier
Parle-nous de Christine Angot. Qui est-elle pour toi ?
Cela fait longtemps que je connais Christine Angot. Je
l’ai découverte surtout par le théâtre, au début des
années 1990. J’avais lu par exemple Corps plongés dans
un liquide (Théâtre Ouvert, 1992) et Nouvelles vagues
(Fayard, 1998). Ces textes ont été mis en voix à Théâtre
Ouvert, créés ensuite. Il faut aussi se rappeler de
L’Usage de la vie (Fayard, 1998). Un texte si magnifique.
Christine est quelqu’un qui va beaucoup au théâtre. Je
suis justement intéressé par son chemin de théâtre.
Elle a écrit du théâtre assez vite, d’ailleurs. Son écriture
dégage un rapport très fort à l’oralité. Elle a souvent lu
ses textes en public et elle aime pratiquer la lecture
publique. Depuis, j’achète et je lis systématiquement
chaque livre qu’elle publie.
C’est un chemin qu’il me
plaît d’emprunter depuis toutes ces années. J’aime les
différents mouvements de son écriture. Il y a beaucoup
de déplacements dans son écriture. C’est quelqu’un
qui cherche. Nous nous sommes croisés à plusieurs
reprises. J’avais par exemple programmé au Théâtre
Gérard Philippe [TGP − Centre dramatique national à
Saint-Denis] Arrêtez, Arrêtons, Arrête un spectacle qu’elle
avait créé avec Mathilde Monnier, au moment où
Mathilde dirigeait le Centre chorégraphique national de
Montpellier.
Que s’est-il donc passé, à la lecture de ce texte Le Voyage dans l’Est − pour que tu décides de le porter sur un plateau ? Qu’est-ce qui te bouleverse précisément dans ce texte ?
Pour moi, c’est une de ses plus belles œuvres, une
forme d’accomplissement. Ce qui me touche, dans
ce texte, c’est le chemin parcouru pour parvenir à
cet aboutissement. Et de mon côté, j’ai parcouru un
chemin avec elle en tant que lecteur. Pour être sincère,
ce texte m’a sauté à la figure à la première lecture. J’ai
appelé très rapidement Christine pour lui dire que je
voulais en faire quelque chose si elle était d’accord. Je
n’ai pas trop réfléchi, finalement.
Ce qui m’a bouleversé le plus, c’est la figure de Claude.
Elle est apparue dans la lecture du roman comme
une épiphanie. C’est le point foudroyant. J’ai trouvé, à
travers cette figure, une clé de réponse à beaucoup
de questions sur l’inertie, le silence face à l’impossible,
à l’indicible. Comment réagit-on face à quelque chose
d’aussi énorme l’inceste − qui se passe à côté de
nous ? Comment a-t-on peur ou pas d’empiéter sur le
territoire de l’autre ? (...)
En lisant, j’ai été aussi touché par l’écart de temps,
ce retour sur l’événement fondateur et destructeur.
Fondateur d’elle-même, de sa littérature. Aurait-elle
écrit de la même manière si elle n’avait pas été victime
d’inceste ? Je suis toujours ébranlé par les événements
qui font tourner, bifurquer une vie.
Une autre chose m’a incroyablement touché, c’est le
regard de cette femme de soixante ans sur cet homme
de quarante-quatre ans, son père. A posteriori, je pense
que c’était ma première vision : je voulais mettre sur
le plateau cette femme de cet âge face à cet homme
de quarante-quatre ans. Il y a quelque chose de très
fort, là.
Le Voyage dans l’Est est un roman. Tu n’as encore jamais porté sur un plateau ce genre littéraire. Il y a une langue et une architecture. Ce sont le plus souvent tes axes privilégiés d’intérêt et de travail. Là, comment envisages-tu le passage à la scène ? Passes-tu dans un premier temps par une adaptation ?
Effectivement, ce n’est pas écrit pour la scène.
La première difficulté est la question de l’adaptation.
Même les dialogues, quand on les expérimente, on
constate qu’ils ne sont pas écrits pour être joués sur
scène. (...)
Je suis habitué à ne rien modifier dans un texte, pas
même une virgule. J’ai un rapport sacré à la littérature.
Tout le monde le sait. Là, il fallait faire intrusion dans
la matière. Donc, la question première : quel type
d’intrusion, de chirurgie, de trahison ?
Au début, j’avais deux possibilités. Je pouvais dire à
Christine : adaptons ensemble. Mais je me suis dit :
si on s’oriente vers cette approche, elle peut tenter
des opérations de grande envergure sur le texte pour
en faire éventuellement autre chose dans cette envie
et cette perspective du passage à la scène.
L’autre
possibilité était tout simplement de rester fidèle à
mon intuition et à l’amour que j’ai de ce roman :
j’aime sa langue, ses différents niveaux de langage
et d’écriture, j’aime passionnément sa structure, son
architecture, la forme d’ensemble, son squelette. C’est
in fine la première chose que j’ai dite à Christine : je ne
vais pas faire d’adaptation. Pour moi, la structure est
parfaite, intouchable. La seule question à résoudre est
celle du temps, de la durée. Je ne peux pas faire dire
tous les mots sur le plateau. Donc, le travail a été de
conserver la structure d’ensemble, sans rien changer,
catégoriquement.
Christine a été d’accord. Je lui ai livré
l’ensemble de mes intuitions et de mes convictions
et j’ai senti qu’elle me faisait confiance. Nous allons
donc opérer par condensation, réduction sans
toutefois modifier la structure d’ensemble, mais mon
impératif reste bien de mettre en scène un roman, son
architecture.
Peux-tu nous parler justement de cette architecture de langues ?
Ce que j’aime dans l’architecture de ce roman, c’est la
façon dont Christine articule une diversité de modes
d’écriture. Il y a d’abord la narration, le récit purement
factuel, qui fait avancer et progresser l’histoire, mais
cette écriture n’est pas forcément destinée à la scène.
Il y a ensuite ce qu’on a nommé les temps d’analyse,
ces moments où Christine regarde a posteriori les
événements passés et ce qu’elle vivait, mentalement,
psychiquement au moment des faits. Ce sont des
instants de réflexion, étonnamment plus scandés,
oraux, dans la forme de l’écriture, ce sont des phrases
courtes, rythmées, il y a presque quelque chose de
frénétique, on y découvre des fulgurances. Il y a les
scènes crues et violentes entre le père et la fille, ce que je
nomme les scènes de crime, qui sont irreprésentables.
Les dialogues, notamment entre Claude et Christine,
que j’ai déjà cités, ont lieu au téléphone.
Le langage
est plus parlé, mais ils sont très compliqués à rendre
efficaces et justes sur le plateau. Enfin, il y a le journal,
qui est un des moments très important au milieu du
roman. Théâtralement, ce mode d’écriture représente
une vraie difficulté. Nous devons nous battre avec cette
diversité formelle, et c’est très excitant. Inquiétant et
excitant, à la fois. Je choisis toujours un texte parce qu’il
m’inquiète. Là, ce qui m’inquiète, c’est le fait que ce soit
un roman. Comment porter un roman sur un plateau ?
Qu’est-ce qu’un roman ?
Parle-nous de la distribution.
Ce spectacle est composé de deux parties. La première,
c’est le père. La seconde, c’est Claude. L’articulation se
fait autour de ces deux figures masculines, avec au
centre, bien sûr, Christine.
Un des premiers choix que j’ai fait, c’est de montrer
sur le plateau deux interprètes pour le personnage
de Christine. Une Christine juvénile de 13 à 25 ans,
incarnée par Carla Audebaud. C’est une ancienne
élève de l’École du TNS (section Jeu du Groupe 46).
Ce sera sa première création. Je l’ai vue jouer dans
un travail d’école remarquable sur Sarah Kane, dirigé
par une de ses camarades. Ensuite, il faut la Christine
d’aujourd’hui, l’écrivaine, revenant sur les événements
de cette histoire. Elle est jouée par Cécile Brune. Je
n’avais aucune idée concernant la période des 30-40
ans. Quand Christine est venue pour rencontrer l’équipe,
mon choix s’est déplacé. Tous les comédiens et toutes
les comédiennes étaient autour de la table. Mon regard
se baladait. J’écoutais Christine parler de la question du
temps dans la progression du roman. Charline Grand
était engagée pour jouer la mère de Christine. Mais
soudain apparaît l’idée que Charline doit justement
jouer Christine dans la période des 30-40 ans.
J’ai eu
Charline comme élève à l’école du Théâtre national de
Bretagne, Centre européen théâtral et chorégraphique
et c’est elle qui a joué Nawal dans Incendies de Wajdi
Mouawad. Il y aura donc trois âges du personnage
de Christine. C’est le premier geste significatif de la
distribution.
J’ai choisi Cécile pour incarner Christine parce que c’est
une façon de prolonger le geste amorcé avec Au Bord
de Claudine Galea, à travers la figure de l’écrivaine qui
parle. Je voulais vite la retrouver et retravailler avec elle.
(...)
Claude Duparfait jouera Claude. Je voulais que ce soit lui
depuis le début. Il a cette complexité, cette épaisseur.
Il se trouve que nous étions, tous les trois avec Cécile,
au Conservatoire. Eux deux n’avaient jamais travaillé
ensemble depuis. Cela me semblait l’occasion. Pour
moi, c’est ce couple-là, c’est l’évidence même.
Qui devait jouer le père ? Christine avait suggéré que
je le fasse. Son idée était que le public comprenne
pourquoi cette jeune fille tombe dans ses filets.
Une des
raisons tient au fait que son père est un type élégant,
cultivé, un notable, une personne très bien intégrée
dans la société. Elle me disait que c’était moi. Que d’une
certaine façon, dans le théâtre public, c’est ce que je
représentais. Ça pouvait créer un trouble intéressant
sur le plateau. Cet homme n’est justement pas un
monstre repoussant, l’image qu’on peut avoir de la
pédo-criminalité, par exemple avec l’affaire Dutroux.
... En fait, dès le début, j’avais en tête Pierre-François
Garel. J’aime beaucoup cet acteur. (...)
Cela fait longtemps que je voulais travailler avec lui. Il le
savait. Et lui aussi le voulait, me semble-t-il. Je suis allé
à sa rencontre pour lui faire la proposition, sachant que
c’est un rôle éminemment compliqué, une partition
complexe et serrée. Comment jouer ? Monstruosité ?
Clarté ? Opacité ? Je connais sa grande finesse dans le
travail. C’est une très belle rencontre.
Moanda Daddy Kamono jouera tous les autres rôles
et plus particulièrement Charly, le troisième homme,
le conjoint dans la vie de Christine. Daddy a été aussi
un de mes élèves à l’école du Théâtre national de
Bordeaux en Aquitaine, Centre dramatique national.
Il a joué dans plusieurs de mes spectacles : Cris de
Laurent Gaudé, Tristesse animal noir d’Anja Hilling et Par
les villages de Peter Handke.
(...)
J’ai organisé au début des répétitions une rencontre
entre Christine et l’équipe. C’était très important pour
elle. Elle est très touchée par ce projet. Et c’est pour moi
toujours important que les artistes puissent découvrir
en chair et en os un écrivain ou une écrivaine. Entendre
sa voix, son rythme, son débit, voir le corps, les gestes,
écouter les mouvements de la pensée qui se dit. C’est
toujours un ancrage pour le travail artistique.
Dans
le cas de Christine, c’était particulier. Car devant la
personne réelle, se profile la personnalité médiatique,
publique, avec tout ce que cela peut générer de peur
et de fantasme. J’avais envie que les acteurs et actrices
puissent se rapprocher d’une sensation plus juste
et réaliste de la personne qu’elle est. Cela a été une
rencontre magnifique. Et très instructive pour nous.
Cela nous a permis de nous défaire de certaines erreurs
dans lesquelles nous aurions pu nous fourvoyer. Par
exemple, une question lui a été posé sur l’émergence
des dialogues dans la trame narrative du roman :
sont-ils écrits séparément, comme un mode d’écriture
à part ? Elle a répondu au contraire qu’ils surgissaient
spontanément dans le tissu du récit. Ils n’étaient pas
prémédités. C’est très important de savoir comment
émerge une séquence de texte dans l’espace mental
de l’écrivain pour l’aborder ensuite dans le travail de
mise en scène.
Vous sortez de deux semaines de répétitions. Les différents niveaux de langue architecturés dans le roman sont la matière que vous avez dû affronter en premier.
Oui, c’est le premier travail de répétition. Identifier tous
ces niveaux. Et comment les traiter ? Ces premiers jours
étaient importants pour éclairer, très concrètement, les
acteurs sur certaines pistes. Nous avons travaillé sur des
moments stratégiques avec chaque acteur. Presque
individuellement. Afin de défaire et dénouer les choses
inutiles. Nous avons exploré différents modes de jeu,
essayé ceux qui nous paraissaient intéressants et
opérants : le face public, l’intériorité, le micro très bas,
la projection. (...)
Nous nous sommes posés la question du passage
des dialogues à la narration. Dans le spectacle, Cécile
commence la narration, puis au tiers, c’est Carla qui
prend le relais, ensuite Charline reprend. Cécile conclut
la narration.
Nous avons donc éclairé toutes ces choses-là et ça m’a
servi à me rendre compte qu’il n’y avait pas de théâtre.
Quelle serait donc la forme du spectacle ?
Justement, as-tu déjà dégagé des grandes lignes de mise en scène au terme de ces deux semaines ?
Pas vraiment. Pendant ces quinze jours, la question du
jeu est restée plutôt urgente et prioritaire à explorer et
à régler. Mais j’ai compris que j’allais devoir vite me
déplacer sur la question de la mise en scène. Je sais
aujourd’hui que je pars sur une forme différente, plus
hybride, moins linéaire que mes spectacles précédents,
avec différents types d’éléments et de signes : vidéo,
images, textes projetés, musique, micro, voix-off, etc.
il faut imaginer et orchestrer différentes entrées pour
que le roman, et sa structure, puissent se déployer au
maximum sur le plateau. La mise en scène affronte
tout un ensemble de difficultés qui sont liées à la
non-théâtralité du roman et des modes d’écritures.
Là où j’en suis aujourd’hui, je peux affirmer que je ne
construirai pas un théâtre de scènes. (...)
Paradoxalement, ce qui me plaît, c’est qu’il n’y a pas
de théâtre dans ce roman. Je me suis rendu compte
que c’est très difficile, que je suis en train de faire un
théâtre que je ne sais pas faire. Rien n’est gagné, donc.
Ce qui m’intéresse, c’est la recherche formelle de la
mise en scène. Tout en maintenant, bien entendu,
mon enjeu principal, qui est, comme toujours, de faire
entendre la langue. Je veux qu’on entende qu’Angot est
une écrivaine. J’aimerais qu’on reconnaisse la force de
la langue, plus que celle de la fable.
Rentrons dans le sujet. C’est un roman très violent qui porte sur l’inceste. Avec ce texte de Christine Angot, tu vas explorer à nouveaux frais le vocabulaire de ton théâtre de parole, et dégager, a fortiori, des aspects politiques.
Les mots de ce roman sont violents. La violence est dans
les mots. Mettre des mots sur ces choses-là, par-delà
la logique du témoignage, tel que l’accomplit Christine
Angot, c’est un acte de littérature. Il y a un travail de la
langue. Il y a une langue. L’essentiel, c’est de dire et de
faire entendre. Pour ce spectacle, je vais rester fidèle à
mon théâtre de parole. Il s’agit de dire, de vouloir-dire,
et de faire entendre. De créer et de trouver le meilleur
climat d’écoute pour déployer le plus justement et le
plus clairement ce qui est à dire. (...)
C’est un roman de réflexion : il y a une quête de
lucidité, le temps a passé, rien n’est apaisé, on est dans
le souvenir, dans l’analyse du pourquoi, du comment,
des détails. Comment les choses ont pu avoir lieu ?
C’est davantage qu’un roman sur l’inceste. Je lis ce
roman, comme j’ai lu Une vie de Maupassant. C’est
le message que j’ai adressé aux acteurs : abordez ce
roman comme celui de Maupassant. C’est l’examen
d’une vie. La vie de quelqu’un. Il y a bien sûr les scènes
de crime propres à l’inceste, mais il n’y a pas que ça.
Le sujet, ce sont les autres. C’est là aussi que réside
cette fameuse banalité du mal. Le poids mort des
autres qui ne réagissent pas. Dans le premier tiers du
roman, Christine ne parle pas, elle n’y arrive pas. Puis
il y a une bascule, elle y parvient, elle en parle à sa
mère, à ses amis, au monde. C’est là que ça me touche.
Qu’est-ce qu’on en fait de cette histoire avouée ?
Au-delà de l’indifférence, c’est la question de la
complicité, de la non-assistance à personne en danger
qui est en jeu dans le roman. On ne voit pas parce
qu’on ne veut pas voir. C’est ce non-vouloir-voir qui est
intéressant. Pourquoi ce non-vouloir-voir ? C’est cette
position qui m’intéresse, car au fond, c’est sa banalité
qui nous concerne tous, c’est le « nous tous ». (...)
Le livre raconte le vide dans lequel se trouve encore
aujourd’hui la question de l’inceste. C’est en cela qu’il
est politique. C’est le creux du livre. Et ce creux doit être
traité avec pudeur.
Pour terminer, je te livre une citation de Pierre Guyotat, autre écrivain des limites : « Je chante, par ma plaie ».
(...)
La littérature de Guyotat tourne exclusivement autour
de la plaie, du mal, de la violence de la domination.
C’est magistral, mais il reste figé à cet endroit. Angot,
non. Elle va ailleurs. Elle explore d’autres territoires. Une
certaine vox populi lui reproche une complaisance,
l’exploitation répétée, voire abusive de cette histoire
personnelle. Mais sait-on qu’on n’en a jamais fini quand
on a subi cela ? Que c’est toujours présent. Traumatique,
à jamais. Que l’inceste est une domination totale qui
mène à la destruction de la vie psychique. Je croyais
que Le Voyage dans l’Est était son livre-somme sur
cette question, l’apaisement final d’une quête littéraire.
Elle m’a répondu qu’il n’en était rien et qu’elle n’en
avait toujours pas fini. Elle ne peut pas faire autrement.
Elle n’a pas le choix. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas
savoir ce que c’est tant qu’on ne l’a pas vécu. C’est une
destruction. Le livre de Neige Sinno, Triste Tigre (P.O.L.),
en témoigne aussi, de l’inapaisement permanent
provoqué par cette destruction. Que faire face à ça ?
Comment vivre avec le trauma ?
C’est une autre citation, d’Angot cette fois-ci, qui peut venir illustrer cette forme de débrouille : « Ça ne répare pas écrire, ça détruit un peu plus, mais ça permet de vivre dans la littérature et c’est beaucoup mieux. »
Oui, c’est juste. Heureusement qu’il y a la possibilité de
la littérature. La dernière image du livre est magnifique :
Christine arrive gare de l’Est, en revenant de Strasbourg,
après être allée voir un spectacle sur un de ses textes
au TNS. Cela a été une épreuve difficile. L’attend Charly,
son compagnon. Ils se retrouvent. C’est une image de
trêve, de pause. Mais ce n’est qu’une pause. C’est très
important de terminer sur cette pause. C’est très beau
la façon dont elle clôt le roman. Il y a des trêves et des
pauses, des accalmies. Mais Strasbourg reste le lieu de
l’irrésolu, c’est exprimé dans le roman. Tout comme le
rapport qu’elle entretient avec ce qu’elle a subi, l’inceste.
C’est une histoire sans résolution, traumatique, et voilà
pourquoi c’est tragique. Il était très important pour moi
de créer justement ce roman au TNS, à Strasbourg.
- Stanislas Nordey
- Entretien conçu par Louison Ryser, élève dramaturge du Groupe 48 de l’École du TNS, réalisé par Frédéric Vossier, le 5 septembre 2023, à T
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.