: Présentation
Création collective, d’après le roman Du côté de chez Swann de Marcel Proust
Comment rendre au théâtre l’écriture de Proust ? Entre la lecture et le jeu. La parole et l’interprétation. Le livre s’ouvre sur la nuit. Une insomnie. Du côté de chez Swann est un lent et long passage de l’obscurité vers la lumière. Du chaos originel de la vie à l’ordre éclairant de l’esprit qui se souvient. Qui se rappelle. Mais qui se rappelle jusqu’à un certain point. Nous verrons comment la mémoire volontaire, celle motivée par l’esprit se trouve confrontée à des limites réelles, trop superficielles pour devenir artistiques. Nous travaillerons la matière « involontaire » de la mémoire, celle qui fait que la sensation du souvenir, d’un certain souvenir, nous tombe dessus, sans qu’on ait cherché à le provoquer.
L’épisode de la madeleine est en ce sens très
significatif. Quel espace pour incarner l’écriture,
le style de Proust ? Dans quelle lumière ? Nous
travaillerons ces épineuses et passionnantes
questions en répétition. Peut-être ne verrons-nous
jamais le corps des acteurs, mais n’entendrons
que leur voix ? Rester sur l’indicible, retrouver le
mystère de la lecture, de cette voix qui parle en
nous quand nous lisons, car quand nous lisons,
nous n’avons plus de corps, nous ne sommes
plus qu’imagination… L’abstraction, la nuit du
corps des acteurs et du plateau, pour mieux faire
ressentir aux spectateurs, juste par des voix, les
couleurs d’un monde en train de se peindre sous
leurs yeux.
Qu’ils deviennent ce qu’ils entendent : une église,
un quatuor, la rivalité de Francois Ier et Charles
Quint…
Du côté de chez Swann est l’histoire d’un enfant
intelligent, sensible, épris de nature, de livres, de
gens, de couleurs, de clochers, de fleurs, de sons,
d’odeurs, de solitudes...
Epris de tout et par tout...
On a souvent dit qu’À la Recherche du temps
perdu était l’histoire d’une vocation, celle d’un
jeune homme qui se destine aux lettres. Mais
c’est aussi une célébration des joies de l’esprit et
des sens. Tous les sens. Proust est un épicurien
tourmenté, un hédoniste empêché, qui souffre
beaucoup, mais qui va au-delà de sa souffrance,
la surpassant, la transcendant pour en faire de
l’écriture, du poétique, de l’Art.
Il alterne les joies profondes mais éphémères
aux peines qui « grandissent » car comme le dit
Henry Thomas « on ne tombe pas toujours dans
le désespoir, parfois on y monte ».
Proust dissèque l’amour, la psychologie, la
poésie, la politique, la solitude, la mondanité, la
philosophie, l’écriture, la société... Tout, il veut
tout, à la manière d’un Hugo. Et parce qu’il était
pressé par la maladie, le temps et la mort,
son oeuvre demeure, de par son inachèvement
même, prodigieusement humaine et touchante.
Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné,
Je me connecte
–
Voir un exemple
–
Je m'abonne
Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.