Au cours de l’été 2007, la ville de Genève a été le théâtre d’un événement qui a fait la une des journaux romands à plusieurs reprises. Cet événement a eu un tel retentissement qu’un journal au sérieux éprouvé comme Le Monde s’est fendu d’un article sur le sujet. L’événement a été cité et commenté dans plusieurs pays européens. Les internautes se sont défoulés en masse sur de nombreux forums et autres blogs.
Le 23 juillet, le squat Rhino a été évacué après pratiquement vingt ans de présence des squatteurs dans l’immeuble à la corne rouge du Boulevard des Philosophes. Cet événement n’a en soi rien d’extraordinaire. La politique progressiste du canton de Genève a permis la prolifération des squats sur son territoire. L’histoire des squats à Genève ces quarante dernières années est faite de ces mouvements d’essor et de baisse du nombre de squats.
Le 23 juillet 2007, c’est un squat emblématique qui a été évacué. Un squat qui par le passé avait déjà fait couler beaucoup d’encre. Un squat qui était presque devenu une institution. Un squat qui comptait en son sein plusieurs lieux culturels. Un squat qui avait suscité une initiative populaire, finalement invalidée, visant au rachat du bâtiment par la collectivité publique.
Cette évacuation a provoqué, bien avant qu’elle soit effective, de nombreuses réactions de la presse, des politiques, des squatteurs, des milieux immobiliers et bien sûr des simples particuliers. Cette évacuation a été vécue par beaucoup comme un feuilleton dramatique avec ses multiples rebondissements, ses micros intrigues et ses personnages hauts en couleur. Certain ont osé parler de feuilleton de l’été. Dans le droit fil de préoccupations issues du théâtre documentaire, j’ai souhaité prendre à bras le corps cette matière incandescente et en faire la base d’un spectacle.