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La Musica deuxième

+ d'infos sur le texte de Marguerite Duras
mise en scène Régis Mardon

: La mise en scène : un éclairage et un lien

Avant-propos


Entre Visible et Invisible, le travail de la mise en scène est celui du révélateur en photographie. Capter et rendre perceptible, pour éclairer…
Dans La Musica, chaque mot, chaque détail, est un relief de la part d'ombre, la part cachée, immense comme une cathédrale qu'on ne peut embrasser d'un coup d'oeil…


Respectant l'architecture, l'esprit et le fond, je m'empare de la forme : il n'y a pas de respect dans la soumission. C'est rendre justice à la force de ce texte que d’en porter la puissance, de lui donner sa dimension, en proposant un spectacle qui en permette l'accès.


Par spectacle, j'entends cette chose réjouissante qui commence par il était une fois, et qui se déroule en invitant au plus lointain voyage.


Par delà son dépouillement, il y a un spectacle grandiose à révéler dans La Musica Deuxième.


Le choix d’un dispositif scénique


Deux fauteuils chesterfield et un bar sont les seuls objets matériels du décor.. En arrièreplan, trois écrans suspendus, comme des tableaux lumineux.


Au départ, ce sont des toiles de maîtres qui sont projetés sur ces écrans. Ce décor a pour vocation essentielle d'être un support pour leurs souvenirs.


Les souvenirs et les images


Les personnages oscillent entre leur présent et leur mémoire. Ils sont submergés… et plongent : la réalité abdique alors face au flot des souvenirs. Les tableaux s’animent et les transportent sur les traces de leur histoire. Calquées sur le fonctionnement de la mémoire, les images se mélangent et se répètent : une maison, des chambres d'hôtels, des corps enlacés, des errances,…


Réminiscences, rémanences, flux d'images projetés à la manière dont un souvenir se restitue sur l'écran noir de la pensée.


Rien n'est expliqué dans ces projections. Les souvenirs affluent, chaotiquement, dans une logique qui leur est propre, presque poétique. Jamais ces images ne viennent en redondance de ce qui est dit.


Tout le reste, ce qui les obsède, ce qui les a tués, ce qui leur fait du mal, ce qui est obscène, ce qu'ils ont tellement de mal à dire, à s'avouer, à comprendre… Tout se dévoile, témoigne, derrière eux. Ce dispositif visuel devient le support de la charge émotionnelle des personnages.


L’utilisation pour le jeu


Trois écrans, pour leurs souvenirs.
D'abord à tour de rôle, en opposition. Elle et Lui, dos à dos… Ils vont d'abord subir ces images, refuser cette mémoire qui saigne.


Quand le souvenir reflue, le personnage s'anime dans le présent, comme un pantin reprend vie… .


Dans un deuxième temps, ils vont accepter de regarder leurs souvenirs en face, y replonger, jouer avec. Peut-être, à eux deux, pourront-ils y déceler ce qui leur a échappé… N'est-ce pas aussi le but de cette nuit ?


Bien sûr, c'est prendre le risque de raviver la blessure. Et d'échouer encore, comme Sisyphe. Les personnages ne ressortent jamais indemnes de ces allers-retours.


Puis vient le temps où les mémoires se déclenchent parallèlement. Alors leurs deux vérités se déroulent. Les images diffèrent, laissant chacun enfermé dans sa vision morcelée.


Dans un quatrième temps, surviennent les mêmes images, les mêmes souvenirs, en même temps… Alors sur scène, dans le temps présent, enfin, la possibilité de retrouvailles.


La musique en résonnance


Duras avait indiqué Beethoven et surtout Duke Ellington.


Je veux une musique qui retranscrit une langueur issue du fond de l'âme. Une mélopée mélancolique et enivrante, qui accompagne les personnages dans leur état d'âme, et tranche avec la violence des souvenirs.


A l'instar d'une femme sombre et triste, qui chante seule, debout : un air de Faro.
Madredeus.

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