: Notes d'écriture
« Les mots ne viennent pas poliment désigner les choses et les remercier d’être là,
ils viennent d’abord les briser et les renverser. »
Valère Novarina
Cette écriture est conçue dans son devenir comme une parole en adresse directe aux spectateurs, une parole fondée sur un intime dévoilé avec ou sans pudeur. Cinq personnages s’en emparent pour chuchoter ce que l’on tait, ce que l’on dit quand on se sait aimé.
Pas de scène inscrite dans une « situation dramatique » réaliste, mais une succession de séquences dont l’architecture compose une théâtralité distanciée. Dès le prologue, les acteurs revendiquent le fait qu’ils prêtent leur parole à ceux qui en sont privés. S’amorce alors une bascule entre incarnation et énonciation qui n’exclut nullement l’émotion. Peu de dialogues. Le monologue intérieur est au service de la mise en jeu d’une solitude où surgit l’urgence de la prise de parole.
Dans son rythme, ses ruptures ou ses accélérations, la structure de cette écriture détermine son devenir-parole. Mais parce que la thématique du corps altéré est omniprésente, c’est son devenir-corps qui reste, à mon sens, l’enjeu majeur de La chambre 100.
En transparence, la pièce aborde le désir de se raccorder à son nouveau corps, de se ré-accorder à un nouveau projet de vie. Cette reconstruction-là s’opère par la parole, par la prise de parole. En ce sens, La chambre 100 parle plus de « mal à dire » que de maladie.
Vincent Ecrepont
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