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Grande Vacance

+ d'infos sur le texte de Joël Dragutin
mise en scène Joël Dragutin

: Les personnages de Grande Vacance

Que disent-ils, que vivent-ils ?


L'amour, le désir, l'espoir, le bonheur sont au centre de leurs préoccupations, mais tout cela semble se dissoudre dès qu'ils en parlent, dès qu'ils s'en emparent. Leurs bons sentiments, leur bon sens, leur bonne bouffe, leur bonne conscience, leurs bonnes paroles les rongent. Cela les dépasse, les panique et gâche leurs plaisirs pourtant chèrement payés et luxueusement «packagés».


Chacun s'attable au festin victorieux et dévore avidement sa part de richesses promises ; mais la force du désir, la soif de possession, la faim insatiable ne se décrètent pas…


Et chacun ressent une distance à un moment ou un autre avec ce consensus festif. Quelques signes d’une insidieuse désaffection commencent à apparaître dans cette convivialité à laquelle tout incite. Et s’ils continuent d’évoquer des projets de voyages, d’anniversaires, de week-end, d’achats, de loisirs, de sorties, les corps semblent dire tout autre chose.


Qu'en est-il au juste de cette «vacance» qui les hante ?


Ils ne peuvent plus être dans une revendication quelconque par le discours. Déçus en fait par ce que leur offre la consommation, frustrés de ne pas atteindre le bonheur espéré malgré leurs efforts, ils pressentent finalement que leur désir n'est plus au rendez-vous. Leur vacuité se manifeste autant par des symptômes divers, les silences, que par le recours fréquent à des soliloques au milieu des autres (ce qui est différent théâtralement du monologue, texte écrit pour un seul personnage). Dans ces soliloques, la confusion vécue par ces personnages fait apparaître des éléments biographiques intimes sur le même plan que des slogans publicitaires ou des paroles prosaïques. La dépression est rampante, larvée, non consciente d'elle-même comme un affaissement progressif...


La pièce ne comporte évidemment ni tensions ni coups de théâtre, mais se déroule dans une sorte de déclivité progressive, émaillée de vains sursauts. Il y a tout un travail d’acteur pour ne pas habiter pleinement sa parole, pour feindre d'adhérer encore machinalement à cette mécanique sociale de la culture pub. Il ne s'agit pas d'un vide métaphysique beckettien, mais de la traduction théâtrale de notre «ère du vide», de cette panne d'utopie et d'alternative qui marque notre temps.

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