: L’humanité à l’état pur
Par Anouk Grinberg
Après plusieurs années de recherches et d’explorations sensibles, Anouk Grinberg et Nicolas Repac
réalisent une adaptation pour la scène de textes issus de l’Art brut qu’ils associent à de célèbres
poètes qui gravitent autour de cette galaxie littéraire. Ensemble, ils créent un spectacle pour faire
entendre l’émotion à l’œuvre dans les lettres, poèmes et supplications de celles et ceux qui, privés
de liberté, n’espéraient qu’une chose : qu’on ne les oublie pas.
Aujourd’hui accompagné par le metteur en scène Alain Françon, la comédienne et le musicien
revisitent le spectacle pensé il y a quatre ans. En joignant leurs voix et instruments, ils font résonner
sur le plateau ces paroles d’amour et de rage, comme autant d’appels d’une humanité puissante, à nu.
L’humanité à l’état pur
De l’Art brut, on connait la peinture, la sculpture, les broderies, mais pas les textes bruts. Ce sont
des témoignages écrits par des hommes, des femmes et des enfants affamés de vérité, que les
familles ou la société ont expulsé du monde, enfermés souvent dans des asiles. On les prenait pour
fous, piteux, simples d’esprit. Une chose assez sûre, ceux qui résistent sont allumés, toutes antennes
déployées, cœurs de grenouille déballés pour dire ce qui est, s’ébrouer du malheur, et puis qu’on
les libère. « Je suis normal, il aurait fallu le réalisater... Je ne veux pas qu’on me rature de la
circulatute. Je ne veux pas qu’on m’orpheline » Artistes sans le savoir, sans le vouloir, ils écrivaient
comme on a la pulsion de la vie, pour faire vivre l’esprit ; alors c’est l’art à la racine de l’art, avec
cette pluie d’innocence qui refile pas mal de vitamines. C’est un mystère la manière dont ces
textes témoignent d’une liberté absolue, dans une privation totale de liberté.
Le spectacle a eu une existence il y a quatre ans. On y retourne, mais cette fois n’est pas pareille.
Alain Françon est arrivé, avec sa bande de créatifs. De nouveaux textes sont arrivés, faisant naître
de nouvelles musiques, et de nouvelles présences. On ne se moque jamais, mais ils font rire et
touchent. Peut-être que des cloches sonnent et qu’un couvercle se lève sur l’amour et l’humour.
- Anouk Grinberg, avril 2022
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