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D.T.C. ( on est bien )


: Notes de recherche

Tous les êtres qui mʼentourent collent plus ou moins à la représentation que je leur plaque sur le dos.
Cʼétait un noeud que nous avions perçu en travaillant sur « Jʼai gravé le nom de ma grenouille dans ton foie. »
Adam est une image pour Ève, Ève est une image pour Adam. On est tous la poupée de quelquʼun. Cʼest primordial dans notre rapport au désir.
En fait de représentation donc, bien avant les contes de fées, il y a la Genèse.
Le désir, il faut y mettre de lʼordre. La Genèse parle-t-elle dʼautre chose ?
Chaque fois que nous cherchons à remettre en question la définition du genre, nous butons sur notre rapport au désir.


Nous ne croyons pas à la Genèse, mais ça nʼa pas dʼimportance. Cʼest notre modèle par défaut.
Des normes bien tracées. Des sanctions et des récompenses. Une justice.
Comme avec les parents. Sous leur aile, le monde a un sens.
Il faut dʼailleurs nous lʼavouer, nous avons un rapport infantile au monde.
Des scientifiques ont parlé de néoténie pour la créature humaine. Nous serions des primates bloqués au stade juvénile de leur évolution. Ceci explique cela ?
Comparée aux autres animaux, la période de gestation humaine est proportionnellement très longue. Pourtant le nouveau né humain est un être totalement inachevé.
(Nous sommes des êtres de manque ?)
Cʼest la culture que nos parents nous transmettent qui pallie à notre immaturité congénitale.
En devenant adulte, lʼêtre humain conserve une terrible nostalgie de lʼenfance.


Est-ce que nous rêvons de retourner dans le ventre de nos mères ?
Sans doute non. Mais nous aimerions bien quand même que le temps soit réversible.
Cʼest ça, le paradis perdu.
Une fois que Dieu a parlé, plus moyen de revenir en arrière.
Peut-être quʼun jour ce sera possible.
En attendant, dans « dtc (on est bien) », nous partons du postulat que les premières pages de la Genèse sont une transposition de la sortie de lʼenfance.
La nostalgie de lʼorigine renvoie à la nostalgie de lʼenfance.


Depuis quelques temps, il est plus difficile de pouvoir définir lʼhumanité.
La faute notamment aux technosciences.
Nos facultés intellectuelles vont beaucoup plus loin que nos capacités physiques.
La technologie nous amène sur de nouveaux territoires imaginaires.
Fascinants et effrayants.
Mais notre corps a évolué beaucoup plus lentement. Notre mentalité aussi.
Nous sommes des hybrides.


Jusquʼà la fin du XXème siècle, notre corps était notre limite.
Infranchissable.
Ce corps « naturel » nous définissait.
Mais au XXIème siècle, ce corps rétrograde peut-être amélioré. Customisé.
Notre corps est devenu aujourdʼhui un capital. Il est la trace de notre comptabilité.
Nous en sommes responsables devant la communauté.
Toujours en chantier, il doit être amélioré, optimisé. Il pose des problèmes qui ont leurs solutions.
La maladie, lʼimperfection deviennent des preuves de notre mauvaise gestion.
Ainsi donc nous sommes revenus à la culpabilité.
Nous pouvons tenter dʼassouvir notre fantasme de la perfection. Uniformisation du désir.
On en est aux balbutiements mais la machine est lancée.
Bientôt, plus besoin dʼun homme et dʼune femme pour la reproduction.
Et nous devons réinventer des représentations de nous même.


Par ailleurs, le net nous permet de vivre des vies alternatives.
Nous pouvons nous prolonger dans des jeux de simulation.
Nos avatars sont parfaits si nous ne parvenons pas à lʼêtre nous-mêmes.
Nous vivons alors des vies scénarisées, dans lesquelles il y a une place pour nous.
En occultant le fait que ces scenarii sont calibrés par dʼautres que nous.
De la même manière que nos parents nous ont créé une place dans le monde.
Nous y sommes en sécurité. Nos choix ne prêtent pas apparemment à conséquences réelles.
Ces mondes virtuels fusionnent avec le monde réel, avec lʼavantage dʼéliminer au passage la sphère du hasard.
Paradis perdu encore.


De la même manière que le bouleversement inéluctable du rapport homme/femme nous pousse à nous réfugier dans des codes plus archaïques mais plus facilement accessibles ; est-ce la peur de ne plus pouvoir cerner les contours de notre humanité qui redonne autant de force aujourdʼhui au besoin dʼun mythe comme la Genèse ?

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