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Cosmos

+ d'infos sur le texte de Dorian Rossel
mise en scène Dorian Rossel

: Processus de création

C’est pendant les représentations de «L’usage du monde» de Nicolas Bouvier (créé en 2010) qu’est né ce nouveau projet.


«Comme une eau, le monde vous traverse, et, pour un temps, vous prête ses couleurs. Puis, se retire, et vous replace devant ce vide qu’on porte en soi, devant cette espèce d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr.»
Nicolas Bouvier


Après avoir servi des écritures très diverses (Bouvier, Taniguchi, Shakespeare, Eustache), je sentais le besoin de prolonger une qualité scénique explorée avec les mots de Bouvier, mais en me confrontant à la nature d’un langage intérieur et plus personnel. Avec la Cie STT, nous voulions visiter de nouvelles pistes formelles et remettre en question notre savoir-faire. Cette fois nous ne partons plus d’une oeuvre écrite.


Une création originale c’est la possibilité d’une expérience du monde, une confrontation avec nos propres vertiges, nos propres peurs, la recherche d’une langue intérieure, souterraine. Comment se confronter à soi-même, à sa propre page blanche ? Quelles formes scéniques pour développer un rapport plus sensible et poétique au monde ? Comment nourrir le spectacle du processus même de création ?


Plusieurs sources d’inspiration nous accompagnent :


Les textes d’astrophysiciens sur leurs recherches, ainsi que ceux du philosophe Gaston Bachelard sur la rêverie des éléments et le rapport contemplatif de l’homme face au monde.


«Cosmic Station», un documentaire de Bettina Timm, sur un centre de recherche situé à 3500 mètres d’altitude, sur le mont Aragaz en Arménie. Il abrite une équipe de physiciens qui tentent, non sans difficultés, de mesurer le rayonnement primaire produit lors de la naissance d’étoiles et qui continuent leur activité même si les fonds, après l’effondrement du bloc soviétique, s’érodent autant que leur centre d’observation.


«L’atelier d’Alberto Giacometti» de Jean Genet. L’auteur pose pour le célèbre sculpteur et, pendant plusieurs mois, l’observe travailler. Entouré de ses tableaux et sculptures, il partage son silence, ses gestes, sa concentration, échange quelques conversations avec lui. C’est la transmission d’un artiste à un autre artiste et la reconnaissance de lui avoir ouvert les régions de son art. Ce texte traite donc de l’invisible et de la création.


«Tout homme aura peut-être éprouvé cette sorte de chagrin, sinon la terreur, de voir comme le monde et son histoire semblent pris dans un inéluctable mouvement, qui s’amplifie toujours plus et qui ne paraît devoir modifier, pour des fins toujours plus grossières, que les manifestations visibles du monde. Ce monde visible est ce qu’il est, et notre action sur lui ne pourra faire qu’il soit absolument autre. On songe donc avec nostalgie à un univers où l’homme, au lieu d’agir aussi furieusement sur l’apparence visible, se serait employé à s’en défaire, non seulement à refuser toute action sur elle, mais à se dénuder assez pour découvrir ce lieu secret, en nous-mêmes, à partir de quoi eut été possible une aventure humaine toute différente.»
Jean Genet «L’atelier d’Alberto Giacometti»


Le spectacle comporte bien sûr des mots, mais en partie seulement. Il est tout autant corps, mouvement, temps, matière, espace. Cette exploration des sphères inconscientes évoque certains créateurs comme Kantor, Bela Tarr, Pierre Meunier ou le théâtre du Radeau. La musique a une place centrale pour faire exister, par contraste, le temps et les silences. Cette organisation de corps, de sons, de musiques et de voix répond à une construction rigoureuse des cadrages, des jeux de lumières et des illusions d’optique.

Dorian Rossel

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