August Wilhelm Schlegel écrivait en 1800, à l’aube du Romantisme : « le processus de dépoétisation a assez duré, il est temps de poétiser à nouveau l’air, l’eau, la terre, le feu ». Cette insurrection contre la toute puissante raison héritée du siècle précédent et ce désir de rentrer en résonance avec le monde par la poésie, naît au moment où l’Europe se prépare à se mettre en branle pour pénétrer dans l’ère industrielle. Chant d’hiver est une expérience musicale qui fait se rencontrer l’appréhension de la Nature propre aux romantiques et l’approche actuelle du « système Terre », inévitablement teintée des questionnements liés aux changements climatiques. Pourquoi cette rencontre en grand écart ? Parce qu’elle semble porteuse de la dimension humaine la plus élémentaire et cependant la plus négligée aujourd’hui : la question de notre appartenance à la Terre. De plus, elle est l’occasion pour un compositeur et metteur en scène d’aujourd’hui de créer une forme dans laquelle se mêlent plusieurs langages et plusieurs perspectives, avec pour objet d’apporter de nouveaux éclairages à un thème ancestral. C’est dans une forme scénique directe et intense, avec deux musiciennes, un comédien et un dispositif sonore et visuel, que s’opèrera l’alchimie entre les lieder du Voyage d’hiver (Winterreise) de Schubert, la création musicale de Samuel Sighicelli, et l’aventure glaciaire d’un chercheur en Antarctique dont la découverte deviendra une des plus mauvaises nouvelles que l’humain ait eu à entendre...