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Cette nuit

+ d'infos sur le texte de Maria Zachenska
mise en scène Maria Zachenska

: Des Possédés à Cette nuit

Il ne passe pas un jour sans que les médias nous rapportent quelque récit ou image d’un acte terroriste kamikaze – d’un attentat suicide.


Sans prétendre apporter des réponses dans mon texte, j’essaie d’imaginer le fond philosophique individuel menant à une pareille action. Je n’ai pu m’empêcher de le discréditer ; le sacrifice d’une vie pour une idée, à l’heure actuelle, dans la société actuelle, m’est insoutenable.


Je pense bien sûr, avec frisson et admiration, à Jan Palach qui s’est immolé à Prague et dont la mort est devenue une légende très importante traversant les décennies du communisme comme le flambeau du refus de l’occupation et du désir de liberté. Mais du suicide de Jan Palach, j’ai retenu également sa seule parole qu’il a laissée, une fois transporté à l’hôpital, n’étant plus que douleur et cris : « Ne le faites pas », à l’adresse d’autres étudiants inscrits sur la liste de volontaires qui, chaque jour, devaient s’immoler jusqu’à ce que l’occupation soviétique cesse.


J’ai lu Les Possédés au moment de la chute du mur de Berlin, c’était également le temps fantastique de la révolution de velours en Tchécoslovaquie. En le lisant je comprenais pourquoi ce livre était quasiment interdit, c’est-à-dire introuvable à l’époque communiste. Mais je trouvais aussi que le roman était tout de même plus complexe que cela, il refusait bien sûr le totalitarisme mais parlait avant tout du chaos philosophique qu’amène toute rupture avec une société installée et acceptée depuis un certain temps. Il est au coeur de ce chaos et nous raconte l’espérance, la folie, la perte de repères et la fatigue qu’il engendre.


Je me sens en pleine folie, espérance, perte de repères et fatigue et je le ressens tout autour de moi. Les Possédés de Dostoïevski se sont imposés à moi et je les vois se dérouler aujourd’hui.
Je n’avais pas du tout envie de les monter en redingotes et jupes longues et de mettre dans le programme que «malgré que le monde ait changé c’est très actuel». Ainsi, l’histoire racontée par Dostoïevski nous la vivrons ici en 2008, en Suisse, dans une petite communauté russe. Cette petite communauté, et spécialement russe, m’a permis de mettre en place l’idée nouvelle imaginaire qui gagne les coeurs. La Suisse, la Russie, terres énigmatiques de l’Europe.


Et nous voici, libres dans l’histoire.

Maria Zachenska

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