« En suivant « au jour le jour » la construction de LA RÈGLE DU JEU en 1939, nous suivrons le fil de l’inquiétude de Jean Renoir.
Inquiétude quant à l’imminence de la guerre qui se rapproche chaque jour, inquiétude indicible de l’homme sur une période qu’il ne veut pas revivre, inquiétude de l’artiste face à l’oeuvre en construction.

Renoir a joué son rôle d’artiste en décrivant la société telle qu’elle était en 1939. Nous pensons pouvoir parler du présent en nous penchant sur notre passé. Alors en racontant ce que Renoir a vu en 1939, dans l’ordre où il l’a vu, nous raconterons notre société de 2012.

Evidemment, l’atmosphère de 2012 n’est pas celle de 1939 mais elle en a certains relents, certaines couleurs (crise financière, crise de l’idéal républicain, non-respect des Droits de l’Homme, mensonges, provocations et impunité totale des gouvernements, montée des extrêmes droites et de leurs idéaux partout en Europe, baisse des budgets dédiés au social et à la culture, montée du communautarisme). Les indicateurs sont là. Nous ne sommes pas imperméables à cette situation.

Renoir se décrit au sein de cette société. Il joue dans le film et raconte son prochain exil. Mais il raconte aussi les autres hommes au sein de cette société. Raconter l’histoire de cette période de la vie de Jean Renoir, de ce tournage, c’est aussi raconter notre Histoire et aussi peut-être raconter la fin de notre monde. En dansant ! »

Benoit Giros