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As you like it

mise en scène Catherine Riboli

: L’Amour, printemps de la parole

As you like it est un conte de fées. Comme les contes, la pièce s’ouvre dans les turpitudes familiales et les menaces de la Cour. Père et frères usurpent le monde. Tyrans, parjures et traîtres, ils instrumentalisent leurs enfants et assujettissent la société à leurs humeurs. Leur fureur déchaînée fait de la Cour et de la maison, des espaces stériles où la parole est dévoyée.


Les jeunes héros, menacés de mort, fuient vers la Forêt d’Arden. Le dénuement de l’exil les met à l’abri, à l’abri du monde et de l’Histoire. Ils retrouveront là, les pères bannis et le pouvoir de la parole. Naufragés dans ce « lieu désertique », ils choisissent de suivre les reflets d’une mythique Arcadie et de vivre l’illusion d’une innocence retrouvée.


Voici venu le mois de mai. La douceur explosive du printemps accueille les exilés et suspend le temps. Dans cette forêt imaginée, -une forêt comme un théâtre : espace des possibles et lieu de l’expérimentation de la liberté-, ils ont enfin tout le temps de jouer et d’apprendre.


Rosalinde, travestie en jeune garçon, retrouve son amant, Orlando, elle ne se fait pas reconnaître. L’identité qu’elle usurpe, la transgression qu’elle affirme par jeu, sa liberté de femme, disant les mots de l’homme pour la femme, guide les parcours initiatiques qui traversent la pièce. Son élan, comme une danse, la fait légère, vibrante. Dans le tourbillon de ses pas, elle entraîne chacun vers le coeur de la forêt. Cependant la nature mystérieuse ne s’ouvrira jamais aux exilés, ils subiront ses sortilèges bienveillants et c’est vers la culture qu’elle les reconduira après leur avoir offert une renaissance. Seul Jacques le Mélancolique ne fleurira pas dans la forêt d’Arden et pour finir se vouera au silence.


Les jeunes gens ne sont pas réels : ils sont des magiciens lumineux, des charges électriques dont la voix réenchante le monde.
Face à eux et à leurs côtés, des hommes mûrs. Ils reconnaissent ces magiciens, parce qu’ils n’en sont plus eux-mêmes et parce qu’ils se souviennent de ce temps révolu.


Omnipotence et tyrannie chatoyante des jeunes amants : l’enchantement est leur réalité, leur parole est le pouvoir en chemin.

Catherine Riboli

février 2011

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