James Baldwin, écrivain noir américain, est une figure du combat pour les droits civiques des minorités aux Etats-Unis, porte drapeau et empêcheur de tourner en rond. Son œuvre résonne encore aujourd’hui et éclaire une Europe qui pourrait bien ressembler à cette Amérique d’hier. James Baldwin nous fait écouter, dans La prochaine fois, le feu, une parole critique sur la contestation afro-américaine des années 60 à travers le récit de sa propre adolescence à Harlem. A partir de son expérience dans ce quartier, il élargit son discours à une vraie réflexion sur les religions, les ghettos, la politique, la violence. Baldwin met en lumière des zones d’ombre de l’histoire de l’Amérique sans provocation ou accusation belliqueuse. En solidarité avec tous les êtres humains. Il exploite la langue comme un outil de lutte : ses paroles sont cinglantes comme des fouets mais relèvent aussi de la plus grande sagesse car malgré tout ce que Baldwin a enduré, il répond au monde par un chant d’amour. Rosa Gasquet utilise cette langue rythmée qui contient du « groove » pour toucher directement à la musique : le récit devient chorale, la parole circule d’un narrateur à l’autre et le DJ ponctue les interventions. Inspirée de la tradition des grands orateurs noirs-américains et de la question urbaine, Rosa Gasquet fait intervenir les formes artistiques qui en découlent : « spoken words », rap… La mise en scène, d’une grande sobriété, mêle avec subtilité la musique, le texte et le chant pour mieux nous faire entendre le discours de Baldwin toujours d’une actualité brûlante.