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Voix

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mise en scène Gérard Watkins

: Que murmurent-elles ?

Par Gérard Watkins

D’où viennent ces voix qui parlent dans nos têtes ? Que murmurent-elles ? Un groupe de parole s’installe. Chacun est venu raconter « ses » voix. Non pas celles de la conscience, mais des voix bien réelles qui chuchotent ou hurlent pour le meilleur ou pour le pire. Parfois bienveillantes, assurément troublantes, elles sont souvent sources d’angoisse et de frayeur. Comment vivre quand on est assailli par leur présence ? Comment composer avec elles sans être taxé de schizophrénie ? Plusieurs centaines de milliers de personnes en France seraient touchées par ce phénomène. Un mystère bien réel et porteur de sens dans lequel nous sommes invités à plonger sans a priori.

Dans une salle vide, quelque part, des êtres se réunissent. Ce sont des entendeurs et entendeuses de voix. Ils sont jeunes, ont moins de 30 ans. Ils participent à un groupe de parole. Puis vient Véronique. Elle a 60 ans. C’est sa première séance collective.
Depuis toujours des voix sont entendues. Elles sont taboues. Pendant de nombreuses années, les entendeurs de voix étaient qualifiés de schizophrènes et subissaient de lourds traitements médicamenteux. Il est vrai que ces voix, pour la plupart, quand elles se font entendre, quand elles émergent, sont une véritable souffrance.
Dans d’autres sociétés, il est normal d’entendre des voix. À d’autres époques, elles étaient une bénédiction ou le signe que les Dieux, les anges ou les fantômes vous parlaient. Ou encore le diable. Socrate, Mahomet, le Christ, Ghandi, et bien sûr, Jeanne d’Arc. Des entendeurs de voix qui ont bouleversé notre histoire. Depuis le début du XXIe siècle, ces voix s’affirment à nouveau. Par des groupes de parole, par d’autres tentatives thérapeutiques, elles ne sont plus considérées comme des voix devant être tues. Les entendeurs de voix essaient de les comprendre, de les maîtriser. Car, les voix peuvent mener à un sentiment d’empathie comme au meurtre.
À travers cette création, nous tentons de comprendre ce qu’elles ont à nous enseigner sur ce que nous vivons dans cette décennie qui semble avoir pris un chemin particulièrement dangereux et inconnu. Ce spectacle se rêve comme un hommage, à travers le temps, à ces voix, à leur texture, leur message, leurs émotions, leurs origines, et tente, de par sa dramaturgie fictive, de voir en quoi elles peuvent nous aider à changer le monde. Parce qu’il y a là représentée une part de notre humanité refoulée, mais aussi l’essence de ce qui peut encore caractériser le théâtre : une errance entre le visible et l’invisible.
Il est compliqué de faire entendre des voix qui s’expriment à l’intérieur des êtres. Le rapport à leur impact, leur sonorité, est difficilement représentable. Le cheminement des entendeurs de voix vers une forme de compréhension est long et périlleux. Par exemple, quand les voix demandent de traverser une rue sans regarder ni à droite ni à gauche, elles ne vont pas expliquer pourquoi. Il y a entre l’hôte et les voix la même relation qu’entre un spectateur et un spectacle ou entre un citoyen et la société qui lui envoie sans cesse des messages, des slogans, des injonctions. Il faut lire ce qu’il y a au-delà ou derrière ce qui est entendu. Sous peine d’ennui pour le spectateur, de soumission durable pour le citoyen, de danger de mort pour l’entendeur de voix.


  • Gérard Watkins
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