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Une Souris grise

+ d'infos sur le texte de Louis Calaferte
mise en scène Jean-Noël Dahan

: Premières intuitions de plateau

Ce rapport singulier à l’identité nous incite d’abord à choisir la présence permanente des comédiens sur le plateau. En effet il faut les voir se métamorphoser, montrer qu’ils ne sortent pas en coulisses mais d’un personnage. En allant plus loin, c’est même le «réalisme» de la distribution qu’il faudra éviter.


Inversion des âges, des sexes, des apparences. L'acteur n'aura pas nécessairement de lien apparent avec son personnage, du moins tel qu'il est décrit en didascalie par Calaferte. Pourtant ce lien sera là, présent, actuel, composé durant le travail de répétition. Calaferte semble nous inciter à ce carnaval.


Parallèlement, Une souris grise est une subversion de la comptine pour enfant, "souris verte" en zone grise, conte pour adultes. C'est un rêve ou un cauchemar ; et si dans tout rêve il y a un rêveur, il nous semble que le rêveur ici c'est Gérard, le père de famille terrifié par la possibilité de perdre en un instant ce qu'il a construit durant sa vie. Toute l'action sera envisagée du point de vue du père. La première scène entre Charlotte et Ludovic, c'est celle qu'il entend/imagine/se remémore alors qu'il est aux toilettes, face au spectateur. Il est si inquiet du risque de perdre sa place que cette arrivée des allemands est selon nous entièrement un SONGE, il fantasme ce déjeuner. Et il nous semble que traiter ainsi la seconde partie de la pièce comme un fantasme est le bon angle pour aborder la multitude de stéréotypes véhiculée par les personnages, notamment à l'égard des allemands : ce sont nos archaïsmes qui transpirent, ces opinions héritées qui fonctionnent plutôt de façon sub-consciente, rejetées par la morale contemporaine. La véritable arrivée du couple allemand ne se fera qu'à la fin de la pièce, après la pièce.


Il s’agira ainsi bien sûr de travailler sur la peur, l’angoisse, l’effarement des Bernachon face à l’ogre Waterbrunner. Cette relation pourra conduire à des instants de ralentis extrêmes et d’accélérations, à des envolées machiniques - en dénonciation d’une mécanique asservissante et étonnamment belle, comme la guerre dans Le dormeur du val. Le but est de susciter chez le public, autant que possible, l’effarement du rêveur face des images de «cauchemar western».


Il y a aussi la distance incommensurable qui apparaît subitement entre le père en crise et les toilettes à proximité, dès lors antre mystérieuse, happante, redoutée.


La trame européenne du texte nous inciterait à faire apparaître des ombres (vidéos ? figurants ?), passant de façon lente et régulière - exilés, apatrides (Rroms ?) - ceux auxquels une identité fixe justement est refusée... Peut-être qu’une bande-son au début (type bulletin d’info) situera d’emblée le contexte politique concernant l’Europe...

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