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Une Iliade

+ d'infos sur le texte de René Zahnd

: Notre Iliade

Certaines histoires se moquent des siècles. A croire que leur force et leurs « leçons » rendent poreux les obstacles dressés par les distances, que celles-ci soient temporelles, culturelles ou géographiques. Nos racines sont incertaines et notre village « global », mais le Mahabharata ou l’épopée de Gilgamesh ou la quête du Graal ou les exploits de Soundjata nous émeuvent toujours.


Née dans la Grèce archaïque et attribuée au père des poètes, l’aède Homère, L’Iliade raconte une partie du siège de Troie (appelée aussi Ilion, d’où le titre donné à l’oeuvre). L’origine de la guerre est l’enlèvement par un prince troyen, Pâris, de la femme de Ménélas le Sparte. C’est donc pour ramener chez elle Hélène que des dizaines de milliers d’hommes se battent et meurent pendant une décennie entière.


Si ce récit est immortel – tout au moins à vues humaines – c’est d’abord par la grâce de l’art poétique qui s’y déploie. Mais la matière elle-même, dans son tissage de thèmes archétypaux, semble la préserver des outrages du temps. Quelle sève, quelle vitalité pour évoquer l’horreur des combats ! La guerre impose sa paradoxale beauté. Une voix plus souterraine prône la paix et l’harmonie (souvent ce sont les femmes qui la font entendre, Hélène bien sûr, mais aussi Andromaque ou Hécube). Les ressorts enfouis de l’action humaine semblent mis à vif. L’épopée tout entière est placée sous le signe de l’honneur et de la loyauté, du pouvoir et de l’obéissance, de l’amour et de l’amitié – litanie de mots si pleins qu’ils nous paraissent aujourd’hui trop lourds à porter.


Et notre époque a beau être inféodée à l’extase du progrès, se disperser au vent de l’accessoire ou produire à jets continus la poudre aux yeux consumériste, il n’empêche qu’en chacun de nous veille un archaïque fond « premier » qui nous fait tendre l’oreille et vibrer aux actions de héros qui n’ont d’obsolète que leur armement.


Nous aimerions, partant de cette source ancienne, raconter l’histoire à notre tour et à notre manière. Le texte sera organisé en plusieurs niveaux, qui entreront en résonance les uns avec les autres : récit pris en charge par un ou plusieurs conteurs (le coryphée des Grecs n’est-il pas un proche cousin du conteur africain ?), chants auxquels participe l’ensemble des interprètes, parties dialoguées où les acteurs incarnent les personnages et déploient l’action sur scène.


Imaginons une place de village, à une époque par forcément très éloignée de la nôtre. On s’y côtoie, on échange quelques propos, on colporte les derniers événements. Il est notamment question d’une femme que deux hommes convoitent. Et progressivement, une autre histoire vient se greffer sur le quotidien. Elle se raconte comme si elle se réinventait dans l’instant. Des gens endossent les défroques de héros glorieux. Des femmes et des hommes se retrouvent face à leurs destins, sommés de faire des choix, des batailles éclatent où le motif est englouti sous le fracas des armes. Certains gestes deviennent inoubliables. On s’aime, on se déchire. On rêve d’un monde meilleur, de lois différentes.


Un des miracles du théâtre, c’est d’ancrer toute chose dans l’ici et le maintenant.

René Zahnd

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