theatre-contemporain.net artcena.fr

Accueil de « Un Grand nombre »

Un Grand nombre

mise en scène Catherine Hargreaves

: Note d’intention du metteur en scène

Il y aura un jour des clones humains. C’est une certitude.
Les pressions financières et psychologiques sont telles que même des lois bio-éthiques internationales ne pourront pas empêcher leur avènement.
On n’en est donc plu à se demander s’ils existeront un jour, mais plutôt à ce que provoquera leur apparition car il n’y a aucun doute là-dessus non plus, ces clones seront des personnes à part entière.


Tout progrès scientifique majeur nous force à regarder au microscope notre nature humaine et à réfléchir à l’éthique que nous voulons: ce que nous sommes et ce que nous en faisons. Il nous force à regarder « l’infini qui est en amont ».
Un infini de questions impossible à saisir en une seule fois :
le mystère de notre origine, de notre individualité, le lieu de notre authenticité, l’altérité et nos liens avec celle-ci, nos choix et nos responsabilités, la question de la et des valeurs, celle du libre-arbitre, celle de notre déterminisme, celle du contrôle que nous avons ou pas sur notre propre vie et sur celle des autres et plus précisément dans le cas d’Un Grand Nombre, la forme du projet parental, de la cellule familiale, de la société, notre rôle et notre devoir en tant que (pro-) créateur….


Comment rendre visible l’invisible ?


En l’an 2000, Caryl Churchill avait déjà compris que le clonage humain n’était plus un sujet de science-fiction.
Le XXème siècle est le siècle du crime contre l’humanité à hauteur industrielle, le XXIème siècle sera-t-il le siècle d’une grave atteinte à l’humanité encore inédite ?
« Le clonage est de par sa méthode la plus despotique et de par sa fin la plus esclavagiste des formes de manipulation génétique. » Hans Jonasz


Mais comment représenter l’irreprésentable ? Qui plus est, au théâtre, lieu de « représentation » par excellence.


Le cinéma avec ses moyens surdimensionnés et ses effets spéciaux n’est-il pas plus à même de parler de ce sujet ? Certes les films de science-fiction et même ceux issus de l’industrie du divertissement ont su nous montrer quelques vérités troublantes qu’il serait bon de ne pas ignorer. Mais en amenant ce sujet au théâtre Caryl Churchill a compris que « l’infigurable était dans le figurable »*, qu’il n’y avait pas forcément besoin d’effets spéciaux pour rendre visible ce futur qui devient de plus en plus proche mais qu’il suffisait peut-être simplement, à l’instar du scientifique, que le dramaturge et le metteur en scène mettent à leur tour la réalité sous microscope. Il suffit peut-être de se forcer à regarder des parts a priori imperceptibles de nous mêmes pour découvrir notre futur. Un futur qu’il ne sert à rien de diaboliser mais que nous nous devons de préparer en interrogeant notre présent. La question à se poser n’est pas : « à quoi ressemblera notre futur ? » mais « qu’en ferons-nous ? »
Caryl Churchill réussit ainsi ce tour de force qui est de rendre terriblement intime quelque chose qui n’existe pas encore….
Quoique…
Le clonage n’a pas forcément besoin du laboratoire et des boîtes de Pétri pour exister…


*« L’éternité vient dans le temps, l’immensité dans la mesure, le Créateur dans la créature, Dieu dans l’homme, la vie dans la mort (…), l’incorruptible dans le corruptible, l’infigurable dans la figure, l’inénarrable dans le discours, l’impalpable dans le tangible, le contenant dans le contenu. L’artisan entre dans son oeuvre, la longueur dans la brièveté, la largeur dans l’étroitesse, la hauteur dans la bassesse… »
Saint Bernardin de Sienne Il mistero dell’Incarnazione

Catherine Hargreaves

imprimer en PDF - Télécharger en PDF

Ces fonctionnalités sont réservées aux abonnés
Déjà abonné, Je me connecte Voir un exemple Je m'abonne

Ces documents sont à votre disposition pour un usage privé.
Si vous souhaitez utiliser des contenus, vous devez prendre contact avec la structure ou l'auteur qui a mis à disposition le document pour en vérifier les conditions d'utilisation.