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Suis à la messe, reviens de suite

mise en scène Oskar Gómez Mata

: Premières étapes de travail

La réalisation de cette création a été découpée en plusieurs étapes, plus exactement trois.
En juin, une première tranche. En vue notamment de l’invitation faite à l’Alakran par le festival de La Cité, trois semaines de répétitions ont été agendées. Coproducteur du spectacle, le Festival de la Cité nous a donné carte blanche pour investir le Jardin du Cèdre durant toute la durée du festival, d’y présenter notre travail et de programmer quelques invités. Un premier module intitulé, Animist Garden-Party, d’une quarantaine de minutes, a ainsi vu le jour à cette occasion, portant déjà en lui les germes de la future création.
La seconde étape a eu lieu en septembre dernier. Après une pause estivale pendant laquelle Oskar Gómez Mata a repensé, réécrit, fixé ce qui avait été proposé à Lausanne, les répétitions ont repris à Genève puis à Pontós, petit village de Catalogne qui abrite le festival MAPA. Ce festival, dont ce fut la 8e édition, demande aux artistes invités de créer spécifiquement pour le site et son environnement : forêt, champs, place, colonie de vacances…, tout en intégrant dans le processus les habitants de Pontós. Sur la base de ce qui avait été créé à Lausanne, 4 représentations d’un nouveau module ont été présentées.
De retour à Genève, la Black-box du Grü nous a été allouée et ce pendant les 4 semaines nous séparant de la première.
Cette manière de construire, de produire le spectacle est conséquence, d’une part, des propositions de résidence couplées avec des présentations publiques faites par les coproducteurs comme le festival de La Cité et le Festival MAPA et, d’autre part, parce que cette manière d’envisager le travail sur plusieurs mois avec les comédiens et les créateurs est primordiale dans notre processus de création. Il ne s’agit pas d’un morcellement dû à des impératifs de calendrier mais d’une réelle volonté de prendre notre temps, de laisser reposer la réflexion.

Avant de travailler avec l’Alakran, Oskar était pour moi comme un mythe. Chaque représentation était jubilatoire, exutoire, exaltante.
Lorsque que j’ai obtenu la bourse de jeune metteure en scène, choisir l’Alakran fut une évidence. Oskar crée un théâtre qui me transporte, me transcende. Je suis partie à sa rencontre des étoiles plein les yeux, mais avec tout de même la crainte, enfouie, sourde, de découvrir les ficelles et que, peut-être, la magie s’envole…


Septembre 2010. Nous partons pour l’Espagne en résidence. Festival MAPA.
À Pontos, nous logeons dans une colonie de vacances. Le lieu est déjà animiste en lui-même. Hanté par des animaux empaillés, des traces d’enfants. Ambiance propice à notre recherche et à notre liturgie de l’âme…


Pour commencer, nous choisissons les lieux de représentation. Nous avons déjà un squelette, un synopsis datant du festival de la Cité. Mais celui-ci parle beaucoup de Lausanne, de choses vaudoises. Oskar aime augmenter la proximité avec le public : lui parler de ce qu’il connaît. Cette proximité ouvre l’écoute du spectateur, il se sent concerné et hop, l’air de rien, il entre à petits pas dans l’univers de l’Alakran.


Il s’agit donc de transformer notre squelette. De trouver des histoires du coin. De parler des gens du coin… Puis d’ancrer notre travail dans le lieu où nous sommes. À Pontos, les trois espaces de représentations sont très différents. Le spectacle commence sur le balcon. Au milieu des arbres. Puis nous passons sous un vieux porche poussiéreux et délabré. Pour finir dans une petite salle de théâtre désuète au plancher en mosaïque. Le texte et les enjeux commencent à se modifier grâce et à cause de ces lieux que nous avons choisis. La taille de la salle, les objets alentour, la précarité de la technique, la dureté du sol : tout rentre en matière pour transformer et adapter nos ébauches.


Comme de la pâte à modeler, le théâtre semble être pour Oskar une matière à jouer extensible, malléable.
Je redécouvre la très grande importance du présent. Rien n’est jamais figé. Chaque accident, chaque délire, chaque détail peut devenir une part du spectacle. Travailler avec l’Alakran c’est être ouvert et aux aguets. Toujours. Ne jamais se reposer sur des acquis. Tout est moteur. Tout peut changer. Il s’agit de prendre en compte, de ne rien laisser passer. Attraper tous les sourires, les oeillades, les bruits, même les blagues… Ce travail est un laboratoire en perpétuelle expérimentation.


Oskar essaie et réessaie, use parfois jusqu’à la corde: afin que l’acteur soit prêt pour chaque situation, s’attende à tout et puisse rebondir. À Pontos, nous testons, parfois malgré nous, différentes ambiances pour les textes ; nous transformons et re-transformons les espaces ; nous changeons et rechangeons l’ordre du montage de textes. Ainsi, ce qui se passe sur le plateau est d’une souplesse et d’une actualité toujours renouvelées.


Et cela paie. De derrière la régie, je guette les réactions. Un acteur glisse Dali dans sa chanson, le public rit. L’autre comédienne place l’histoire d’un accident qui a eu lieu, il y a peu, le public rit encore. Ça y est, il est pris, il est avec nous. Il est ouvert, prêt à écouter ce que nous avons à lui raconter. Le spectacle peut continuer…

Muriel Imbach - Lauréate de la bourse « Soutien au compagnonnage théâtral » de la Ville de Lausanne

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