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Spécimens humains avec monstres

+ d'infos sur le texte de Alice Zeniter
mise en scène Urszula Mikos

: La pièce

« Il n'y a pas d’histoire. Juste une armée - celle du général Pol - là depuis trop longtemps. Des mois. Les hommes encerclent une ville dont le gouverneur a fait brutalement sécession. Quelque chose comme un territoire d’outre-mer qu’il faudrait soudain reprendre par les armes. Mais le général Pol et le gouverneur rebelle sont des amis d’enfances. Les soldats rechignent à livrer cette guerre. Ils attendent en pestant, en réfléchissant à leur condition, en pensant aux filles qu’ils ont laissées au pays. Les soldats ne veulent ni gagner ni perdre. Ils veulent rentrer chez eux. Ils sont conscients de n’avoir plus d’autre morale que celle de la télévision. Ils ne se demandent pas s’ils sont des monstres. Ils se demandent si les civils les haïront quand ils rentreront chez eux. C’est tout ce qui importe, mais la question est douloureuse. Le gouverneur a un fils, beau comme un dieu et blond comme les blés. On ne le voit jamais. Il aimante les caméras. Il excite les fantasmes de tous les soldats de Pol mais aussi de la femme de ce dernier (Argie). Elle l’a connu enfant. Elle l’a connu dans le rayonnement de son innocence et maintenant elle le voit homme et taché de sang. Argie se demande si elle est pédophile parce que le garçon est très jeune. Elle se demande si elle est un monstre parce qu’elle ne pense qu’à son désir pendant cette période de guerre. Elle n’arrive pas à répondre. Elle se suicide en se pendant avec son soutien-gorge. Dans sa propre armée, le général Pol a un rival, Tydée, lui aussi un camarade d’enfance. Pour s’en débarrasser il le charge d’une attaque suicidaire. Tydée meurt devant la ville mais Pol est pris pour cible par son propre gouvernement qui désavoue ses actions. On l’accuse de se battre pour des raisons personnelles et de se battre salement. Il se demande s’il est un monstre. Il n’arrive pas à répondre. Il en meurt. D’ailleurs, à la fin, tout le monde meurt. Mais les caméras n’étaient pas sur place. Alors ils meurent deux fois plus : ils meurent d’une mort non validée par l’image. Le seul qui devienne un héros de guerre c’est le Messager qui s’assure un passage à l’écran pour raconter la bataille finale. »

Alice Zeniter

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