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Sorcières ! Rien d'humain

mise en scène Olivier Werner
Création à partir des textes Rien d'humain de Marie NDiaye, Sorcières ! de Marie NDiaye,

: Extrait de "Rien d'humain"

BELLA. C’est mon amie. C’est mon appartement. C’est ma fidèle et adorable amie depuis longtemps, longtemps.
IGNACE. Elle ne m’a rien dit. Elle ne m’a pas parlé de vous.
BELLA. Mais êtes-vous pour elle davantage que le voisin ?
IGNACE. Bien davantage.
BELLA. Était-il légitime qu’elle vous parle de moi ? Y avait-il entre vous des moments où elle aurait pu le faire ?
IGNACE. Chaque soir. Jamais elle ne m’a parlé de vous. Et je suis amoureux d’elle. Je l’aime, à en devenir fou car elle se contente de me supporter, avec une certaine bonté.
BELLA. Djamila est ma plus vieille amie mais... (Elle pleure) Je sors de la voir et ce n’est pas de la bonté, pas du tout de la bonté, qu’elle m’a témoigné. Djamila, pourtant, vit chez moi. C’est mon appartement. Est-ce que je devrais dire que ce n’est plus mon amie ? Pourquoi ? Qui est-elle devenue, pour ne plus vouloir être celle dont, là-bas, je vantais l’affection pour moi, la constance de l’admiration pour moi, le dévouement, la modestie ? Dites-moi : qui est-elle devenue ?
IGNACE. Si cet appartement est le vôtre, Djamila ne vous le rendra jamais. Elle ne s’en ira pas.
BELLA. Jamais ?
IGNACE. A quel titre vous le rendrait-elle ? Elle s’est aménagé ici une petite vie très satisfaisante.
BELLA. C’était un accord entre nous, entre deux amies de toujours. Si vous saviez comme était profonde sa tendresse pour moi, et sincère le sentiment que j’ai toujours éprouvé, étant son aînée, de devoir veiller sur elle, cette jolie petite Djamila qui dans l’existence n’avait pas démarré avec les atouts dont j’avais moi la chance d’avoir les mains pleines grâce à une famille réduite et fortunée et intelligente. Ils ont tous, chacun son tour, baisé Djamila. Pardon, je ne voulais pas dire cela, surtout pas. Le comprenez-vous ?
IGNACE. Oui. Comme je vous le disais, je suis amoureux de Djamila.
BELLA. C’est une bonne chose. La vie ne l’a pas gâtée, honorée, choyée. La vie m’a chérie, mais pas elle, Djamila.
IGNACE. C’est pourquoi il convient maintenant de l’aimer sans rien lui demander.
BELLA. Oui, bien sûr. Ils l’ont tous baisée à mort. Oh, ne faites pas attention, ne prenez pas garde à ce que je dis. Mais c’est un fait : à la laisser presque morte.

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