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Selve

mise en scène Christophe Rulhes

: Sylvana Alimina Opoya

Elle s’appelle Sylvana, vit dans la selve amazonienne, au bord du fleuve Lawa, en lisière de forêt profonde. Elle connaît le littoral proche de l’épaisse Amazonie où elle a un temps étudié. Elle a vécu jusqu’à l’âge de 11 ans à Taluwen, village amérindien wayana d’horticulteurs, pêcheurs, chasseurs et cueilleurs sédentarisés depuis plus de trente ans. Après ses études en lettres modernes à l’Université de Cayenne, elle est de retour au village comme Intervenante en Langue Maternelle dans l’école où elle a grandi. Elle a souhaité rejoindre sa famille meurtrie. Elle désire transmettre sa langue aux enfants de Taluwen.


SELVE s’écrit après des temps d’entretiens réalisés auprès de Sylvana Opoya. Les discussions sont filmées en français et en wayana. Elles fabriquent une littérature orale, à destination d’un théâtre de la Personne, joué et publié en Métropole, en Guyane et ailleurs. Sylvana y dit à sa façon la fragilité et les forces d’un monde aux horizons incertains, en prise avec les autres, les esprits, les revenus sociaux, l’argent, le travail des «palasisis», entre héritage et innovation, langues et traditions diverses, cosmogonie, réseaux sociaux et outils numériques. Elle raconte son métier novateur d’Intervenante en Langue Maternelle dans lequel elle rencontre quotidiennement des élèves bilingues français-wayana. Elle dit son village et ses nombreux problèmes, ses promesses et ses perspectives.


Ailleurs en Amazonie, en novembre 2016, six garimperos brésiliens clandestins furent tués, fléchés par un clan Yanomami dans la province du Roraima. Le leader Yanomami Davi Kopenawa, mainte fois menacé de mort bénéficie d’une protection policière rapprochée. De nos jours, des leaders «amérindiens» sont assassinés froidement. La situation des « natifs » d’Amérique reste peu considérée. Kopenawa et d’autres caciques rappellent fréquemment la destruction de leur environnement par l’avancée des «blancs mangeurs de terre », l’orpaillage et la déforestation. Ils insistent sur le lien qui unit leur langue, le territoire, la forêt, les fleuves. En écho au témoignage direct donné par Sylvana Opoya, SELVE ramène au plateau des extraits d’entretiens filmés par le GdRA en Guyane auprès de leaders particulièrement engagés dans la lutte d’autodétermination : Ti’iwan Couchili, Aïmawale Opoya, Yanuwana Tapoka, Josy Joseph, Brigitte Wyngaarde, René Monerville participent par leurs témoignages filmés à l’écriture de la pièce.


Comment ces personnes souhaitentou non prendre la parole depuis leurs peuples Wayana, Teko, Kali’na, où les adolescents se suicident trop souvent – on parle, comme pour les indiens Guarani du Mato-Grosso au Brésil, d’une épidémie de suicide en Guyane – dont les villages pollués au mercure d’orpaillage traversent des enjeux de développement et dont les populations fragiles se sont stabilisées à des centaines ou des milliers de membres sur trois pays ? Pleinement vivantes dans le présent, connectées à leur télévision numérique, passionnées ou non de musique Reggaeton ou afro-américaine, intéressées ou pas par les traditions chamaniques et culturelles de leurs ancêtres, admiratrices ou pas d’une certaine idée de la France, fières ou pas de leurs appartenances, de leur féminité et de leur département Guyanais, aimant ou pas l’écriture et les lettres françaises tout autant que leur langue maternelle, comment ces personnes nous apprennent la résilience des identités personnelles en situation d’adversité et de pluralité ? Quelle est le territoire imaginaire et concret de leur subsistance ? Avec pour axe central le récit de Sylvana Opoya et de sa famille, plusieurs autres témoignages viennent pétrir un texte nourri de paroles amérindiennes en Amérique du Sud.

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