: L’histoire
Elle commence par un petit garçon, Maurice, à qui on promet dix sous pour chaque
demi-heure d’exercices au piano. Ce petit garçon devient l’élève Ravel, dans la
classe de Gabriel Fauré au Conservatoire. Il débute comme compositeur, et déjà
écrit la musique qu’il a à écrire, et puis c’est tout. Il n’en déviera jamais. Au départ
tout le monde n’est pas emballé.
« Ravel n’est pas dans l’erreur, il est dans l’hérésie, puisqu’il sait ce qu’il faut faire et choisit de faire ce qu’il fait. »
Il annonce déjà à vingt ans ce qui le poursuivra toute sa vie : « Je crois fermement que la joie est plus fertile que la souffrance. » Et en effet, chaque drame dans sa vie
sera suivi par plusieurs années de stérilité. « Pendant ce temps, Darius Milhaud aurait trouvé moyen de produire 4 symphonies, 5 quatuors et plusieurs poèmes lyriques de Paul Claudel !»'
Seul, drôle, élégant, cultivé, il devient « le grand compositeur Maurice Ravel »,
l’auteur du Boléro, « mon chef d’oeuvre, bien sûr, dommage qu’il soit vide de musique. » Un jour qu’on se pressera pour l’acclamer, il lâchera : « Ce n’est pas moi qu’ils veulent voir, c’est Maurice Ravel. » Lui de son côté, dans la solitude et
l’insomnie, travaille à courir derrière la perfection. « Je suis certain de n’y parvenir jamais, mais l’artiste à mon sens ne doit pas avoir d’autre but. »
Et l’histoire se termine par une trahison, une de ces grandes trahisons qui font le
noyau des tragédies : son cerveau sépare son corps de sa conscience. Il attrape les
fourchettes par le manche, ne parvient plus à se boutonner, reconnaît les notes
mais ne peut plus les nommer, entend la musique dans sa tête, mais ne peut plus,
absolument plus, la transmettre.
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