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Ploutos indoor

+ d'infos sur l'adaptation de Gilles Chabrier ,
mise en scène Gilles Chabrier

: De la traduction

Nous avons demandé à Lucie Thévenet une nouvelle traduction-adaptation du texte d’Aristophane, il nous a en effet paru indispensable d’aborder ce travail afin de trouver les plus justes correspondances, les échos les plus parlants avec notre époque.

La traduction est toujours une gageure, et l’on sait, lorsqu’on a fréquenté une oeuvre dans sa langue originale, ce que l’on perd à la traduire dans cette fameuse trahison de la traduction… la traduction littérale tout juste améliorée semble alors la meilleure, la plus respectueuse. Pourtant, s’il est bien un auteur qui gagne à être véritablement traduit, c’est Aristophane. Et s’il est un auteur que je m’étais jurée de ne jamais traduire, c’est le même Aristophane, et je ne suis pas la seule. Ce paradoxe tient tout d’abord à l’ancrage si profond d’Aristophane dans son époque, par choix personnel sans doute, mais aussi en raison des contraintes / nécessités de la comédie dite « ancienne » par opposition avec la « nouvelle » représentée pour nous par le seul Ménandre, source de la comédie latine et par là de notre comédie classique. Aristophane, et ses contemporains perdus, se situe bien loin de ce que nous entendons par comédie : il s’agit plutôt d’un creuset où se mêlent satire politique et sociale, farce sexuelle et scatologique, drame de la vie quotidienne et de la mythologie, pour créer un univers d’une fantaisie totalement débridée, qu’il est parfois nécessaire de transposer, d’adapter à notre époque pour en faire résonner tous les sens. Et la langue s’en ressent, en porte les marques / véhicule ce sens : mélange des niveaux de langue, jeux de mots à plusieurs détentes, images diverses empruntées à la réalité concrète puis détournées et posant ainsi les bases d’une nouvelle réalité toute métaphorique, néologismes alambiqués, incursions dans d’autres genres par les citations de tragédies, d’épopées, de pièces lyriques, parfois impossibles à déceler et qui créent un décalage d’univers… Tel est le langage-monde créé par Aristophane, et telles sont la diffculté, la nécessité, et l’intérêt de le traduire en lien direct avec le metteur en scène et les acteurs, pour être au plus près de la force vive de la pièce, de son ancrage dans la réalité et dans l’imaginaire, ceux de son passé et ceux de notre présent, pour trouver les correspondances les plus parlantes, les échos les plus nets.

Lucie Thévenet

juillet 2010

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