Pour moi  Pièce de coeur est un poème, une musique, une pièce brève où les images peuvent se créer librement. Je ne cherche pas un effet narratif même si je pourrais flirter avec lui.

Presque toujours, j’ai choisi une base littéraire pour mes chorégraphies. C’était le cas pour Géométrie du Hasard, avec des textes sur le Minotaure, pour Opus 27 sur des textes de Sylvianne Dupuis, pour Une était l’Autre, texte de F. G. Lorca, pour Un Instant, texte de Stig Dagerman et déjà pour Medea-Medea, sur des textes d’Heiner Müller.

Travailler sur Heiner Müller est un nouveau défi, d’autant plus intéressant qu’il ne s’agit pas d’une pièce de théâtre mais d’un poème  : il y a dans le poème une urgence, un raccourci qui va à l’essentiel. Cette dimension-là aussi m’intéresse et sera relayée dans la chorégraphie.

Je suis  donc toujours restée fidèle à la recherche du sens dans le texte, comme du sens dans le mouvement. Mais avant tout, il s’agit d’un questionnement. La danse, en soit, est une composition aussi bien ordonnée qu’une oeuvre littéraire, avec la même équivalence émotionnelle.

D’autres éléments, telle la musique ou la lumière, interviennent de manière conséquente dans la création.   Il s’agit alors d’un travail de collaboration et de recherche du sens de toutes les parties prenantes du projet par rapport au texte et de l’incorporation du texte dans chaque élément scénique.

Travailler autour de ce poème m’intéresse aussi pour pouvoir développer des échanges entre danseurs et comédiens: laisser les danseurs analyser le texte et les comédiens expérimenter le mouvement.

Noemi Lapzeson