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Philoctète & Ravachol

mise en scène Patrick Zuzalla
Création à partir des textes Philoctète de Cédric Demangeot, Ravachol de Cédric Demangeot,

: Notes de l’auteur

Comme on le remarquera à la lecture de ma bibliographie, je me suis plus consacré, jusqu’à aujourd’hui, à l’écriture de la poésie qu’à celle du théâtre. J’ai cependant publié récemment deux textes assez nettement distincts des précédents. Le premier s’intitule Ravachol, le second Philoctète. Si la forme est toujours celle du vers, ces deux titres suffisent à dire que le poème s’est incarné, voire personnifié, et qu’il est maintenant prêt à cette « extériorisation » que suppose le passage sur les planches d’un théâtre.
Ravachol retrace la vie du célèbre anarchiste français, interroge cette figure controversée, tente d’en briser le mythe et de retrouver l’homme : sa faiblesse, sa tendresse, sa mauvaiseté, sa maladresse… et son échec. Le texte est composé d’une succession de points de vue. Il « emprunte » et « recycle », à la manière d’un ready-made, les éclairages croisés… de Ravachol lui-même (sa biographie dictée en prison), de ses historiens (notamment Jean Maitron) et de la Préfecture de Police (archives). L’écriture poétique s’empare de ces textes, les malmène un peu sur son enclume, et les retrempe de manière à leur faire dire… non pas ce qu’ils ne disent pas ! — mais le maximum de ce qu’il leur est possible de dire — au lecteur/spectateur contemporain. Enfin, la dernière séquence du texte de Ravachol rompt brutalement avec l’aspect narratif et/ou dramatique des précédentes, et propose une sorte de plongée poétique dans le corps sauvage de Ravachol, et dans les entrailles du « mot ravachol », afin d’essayer de nous le réapproprier, de lui trouver une place neuve et vivante dans notre langue, poétique et politique, en un mot humaine d’aujourd’hui.
Philoctète a en commun avec Ravachol… d’être un autre grand raté. Je m’empare ici de ce « raté » pour en faire une figure exemplaire de résistance. Je choisis pour cette raison de désobéir à Sophocle : cette fois Philoctète refuse, non seulement de confier à Ulysse l’arc d’Héraklès, mais aussi, purement et simplement, de revenir à Troie. Il choisit de rester sur son île, dans cette situation d’exclusion qui lui fait finalement rencontrer la vie (Rimbaud aurait dit « la vraie »). C’est aussi cette vie vraie que symbolise la jambe gangrénée de Philoctète, cette blessure que précisément ne supportent pas les Grecs, ces êtres au « corps glorieux » et au destin de Vainqueurs. Mon intention avec ce texte, plus encore avec Ravachol, est de tisser le plus étroitement possible la vie intérieure immémoriale et l’immédiatement politique. Philoctète se présente sous la forme d’un monologue ininterrompu.
Ces deux textes ont paru en 2006 et 2008 chez un petit éditeur de poésie, Barre parallèle. C’est Patrick Zuzalla, metteur en scène du groupe TIM, qui me propose, très pertinemment, leur juxtaposition et l’adaptation scénique de l’ensemble. J’approuve sans réserve ce projet, persuadé que la confrontation de ces deux textes en multipliera le sens, et que leur incarnation sur une scène est nécessaire à leur pleine réalisation.

Cédric Demangeot

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