Nous sommes confrontés à la destruction de la langue et de la syntaxe avec le jargon publicitaire, les slogans, les éléments de langage en politique, les tweets...

L’un des buts des Tréteaux de France est de créer de l’écoute, de l’attention et une rencontre autour de la langue. Mon objectif à travers ce travail sur les œuvres de Racine est de redonner à entendre, à tous, cette langue dans toute sa beauté et sa complexité. Il n’y a rien de plus satisfaisant que des jeunes gens qui viennent voir les spectacles, comme cela s’est produit avec Bérénice et Britannicus dans les îles de loisirs, qui nous disent : « je n’ai pas tout compris mais j’ai ressenti ; il y a de l’émotion. » Et ils reviennent ! S’ils reviennent c’est qu’il y a un foyer. Victor Hugo exprimait d’ailleurs très bien la question du foyer, du feu, et disait : « C’est pourquoi nous crions : enseignement ! science ! apprendre à lire, c’est allumer du feu ; toute syllabe épelée étincelle. »

La transmission passe aussi par la rencontre grâce à des actions culturelles et artistiques autour de la langue (atelier de lecture à voix haute, atelier de la forge, Pro & Contra...). Le projet des Tréteaux de France est d’aiguiser les capacités d’agir du spectateur, de lui donner des outils d’émancipation. S’il n’a pas ces outils en tant que spectateur, il faut les lui proposer en tant que praticien, avec égalité. C’est un travail fondamental.

Je veux continuer à explorer Racine. Le travail des mots et la rencontre avec le public sont passionnants. Mettre en scène Racine, c’est une école formidable pour moi, pour les comédiens et pour les spectateurs.

• Robin Renucci