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Pédagogies de l'échec

+ d'infos sur le texte de Pierre Notte
mise en scène Pierre Notte

: Note d'intention

Propos recueillis pour l’Avant-scène Théâtre

« Au fil de l’écriture, j’ai toujours répondu à des préoccupations immédiates, à des impératifs d’écrire et de décrire un monde qui me questionnait. « Moi aussi je suis Catherine Deneuve » évoquait la famille, alors que « Journalistes (petits barbares mondains) » abordait l’univers professionnel. « Deux petites dames vers le Nord » m’a permis de me confronter à la question du deuil et de la réconciliation tandis que « Se mordre » abordait directement celle du rapport de force entre les êtres, qui est une problématique commune à toutes mes pièces.


« Pédagogies de l’échec » répond à une interrogation quant à l’inscription parfois jusqu’à l’extrême du travail dans nos emplois du temps et dans nos existences. J’ai éprouvé ce sentiment violemment quand je suis entré comme pigiste à la rédaction de L’Événement du jeudi, avant de devenir rédacteur en chef du magazine Théâtres. Je l’ai éprouvé encore plus violemment quand j’ai été secrétaire général de la Comédie Française ou artiste associé au Théâtre du Rond-Point, où la question du rapport hiérarchique et de domination s’est posée de manière plus accrue : je travaillais sous les ordres d’une direction et je dirigeais d’un autre coté une équipe importante. J’étais pris en étau dans une relation parfois passionnante, parfois douloureuse.


« Pédagogies de l’échec » n’est pas une pièce absurde, elle est très concrète. C’est le scénario d’une aventure humaine composé de manière presque vériste, qui propose un théâtre très réaliste dans des situations irréelles. C’est une pièce très simple, terriblement cohérente, qui se joue dans un monde absurde. Je suis dans l’écriture comme occupé par un sujet, et j’écris un théâtre qui a besoin de trame, d’histoire, de faits divers, d’anecdotes, de récits, d’une aventure humaine.


Et s’il y a un propos dans cette pièce, il ne réside jamais dans la psychologie ni dans la sexualité des personnages, mais dans la mise en place des êtres qui vont éprouver un rapport hiérarchique et vouloir maintenir le pouvoir sur l’autre. Les rôles sociaux sont distribués au départ entre le dominant et le dominé, mais ne vont cesser de s’inverser. Être ensemble ici signifie : qu’est-ce qu’on fait de l’autre quand il ne reste que cela ? Et comment se fait-il que, toujours, la hiérarchie revienne ? Existe-t-il une relation – dans le travail ou dans l’amour – qui puisse exister sans pouvoir ?


L’exercice du pouvoir est fascinant et complexe à observer et il est systématiquement générateur de destruction. Les gens qui sauraient exercer le pouvoir sans qu’il soit nocif seraient d’ailleurs incapables d’envisager de l’obtenir. De même qu’il n’existe pas de famille sans violence, sans catastrophe et sans faille, il n’existe pas de pouvoir sans mise à mal. Le monde du travail peut-il échapper à la question du pouvoir ? L’étymologie du mot travail est d’ailleurs très parlante, puisqu’elle fait référence à la torture.


La pièce a été écrite en 2014 mais résonne terriblement différemment lorsque qu’on la relit aujourd’hui, après l’épisode pandémique dont on subit encore tous les conséquences dans nos vies quotidiennes. Tout notre rapport au monde, aux autres, au travail, et peut-être aussi à la hiérarchie ou à la hiérarchisation de nos priorités a été chamboulé. Remonter cette pièce aujourd’hui me semble donc d’une essentielle nécessité. »

Pierre Notte

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