Il s'agit de déformer les corps des comédiens, de supprimer les essentiels acquis à la naissance : certains membres, une partie du cerveau un visage, une voix et une façon de s'exprimer. Ils devront changer leur mode de fonctionnement quotidien pour emprunter celui des personnages. Ceux-ci ne nous ressemblent pas, ne marchent pas, ne parlent pas comment nous, ils sont souvent abattus, fatigués et en quête d'un courage et d'une force difficile à trouver, juste après le drame. Le spectateur plongera dans un monde sans parole fluide, sans corps souple, dans une pièce qui ne se veut pas lisse, pas belle, pas facile mais qui raconte une réalité.

L'humain à l'état brut, sans artifice, sans esthétique ni recherche de beauté, mais dans la recherche de la relation à l'autre. Et pourtant, malgré tout, la beauté et la poésie montrent le bout de leur nez, les mots apparaissent petit à petit, d'abord scandés, puis chantés, se mélangeant harmonieusement au bruit du monde et de la vie. Un spectacle rythmique et sonore, où l'image du puzzle est présente, le puzzle humain qui se déconstruit puis qui, a force de courage et d'obstination, fini par former un nouveau corps qu'il faudra apprivoiser.

Le public assistera ainsi à des secondes naissances, points de départs d'une vie nouvelle, différente qui mérite d'être aussi belle et que toutes les autres, et d'avoir une place à part entière dans ce monde, si cruel mais tellement beauqu'il est impossible d'y renoncer.