En 2008, en collaboration avec le Festival d'Avignon et Roméo Castellucci, nous avons pensé à faire une lecture de fragments de la Divine Comédie à la Cour d'Honneur du Palais des Papes. Je me suis occupée du choix des chants et de la distribution et j'ai tout de suite pensé à Serge Maggiani, pour sa connaissance de l'italien, mais surtout parce qu’il me fallait un guide.

Serge fut d'une aide précieuse. Il apporta différents éléments d'exégèse et commentaires fameux, comme ceux de Sermonti, mais aussi sa connaissance native du chef d'oeuvre qui m'a permis d'approcher le texte d'une façon non cérémonieuse, dans un respect craintif mais comme il se doit à des acteurs : entrer dans la matière du texte, dans son concret, dans sa troublante pluralité. Il m'a aidée à comprendre que tout est vrai dans la Divine Comédie, que tout est le fruit d’une expérience.

Nous avons passé des heures a recueillir les récits, les anecdotes concernant tel ou tel événement caché dans la trame du poème, à s’interroger sur les nombreuses difficultés que posent un mot, une image, une idée ou tout cela ensemble ; Serge m’a raconté comment l'oeuvre est inscrite dans la mémoire des italiens jusqu'à aujourd’hui, comment certains vers sont devenus expressions du langage courant.

Le travail et la lecture que nous avons faits au festival d'Avignon en 2008 ont laissé en moi les traces d'une très grande énergie et de perspectives infinies. Aujourd’hui Serge me fait part de son désir de poursuivre seul sur scène son exploration et d'inscrire les commentaires dans la lecture même de Dante.

C’est donc avec évidence et un très grand plaisir que je reprends, à ses côtés, le chemin de la Divine Comédie.

Valérie Dréville