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Nosztalgia Express

+ d'infos sur le texte de Marc Lainé
mise en scène Marc Lainé

: Note d’écriture & mise en scène

Par Marc Lainé

Dans Nosztalgia Express je souhaite mélanger les genres, les registres et les émotions, pouvoir passer du drame à la comédie, m’amuser à citer des récits d’espionnage ou des comédies musicales, mais aussi des faits historiques avérés... Je veux que la pièce se transforme en permanence, avec une liberté totale, en assumant une certaine loufoquerie.


Nosztalgia Express sera donc une histoire pleine de rebondissements et de péripéties, une sorte de cavalcade fictionnelle. Il faut que le spectateur soit en permanence tenu en haleine, que mon histoire ne lui laisse jamais le temps de souffler pour qu’il puisse, comme Danny, croire au récit invraisemblable qu’invente Victor Zellinger. Et si Danny accepte d’y croire et nous avec lui, c’est précisément parce qu’il est invraisemblable : il fallait que cette histoire soit extraordinaire pour pouvoir, en quelque sorte, donner un sens au malheur de cet enfant abandonné.


Au fond, ce qui motive d’abord l’écriture de cette pièce, c’est l’affirmation que la fabrication de la fiction peut combler les gouffres insupportables que l’existence creuse en nous. Inventer des histoires, comme l’enfant le fait pour comprendre le chaos du monde et se le réapproprier en le chargeant de sens, c’est un acte de survie. Il est parfois indispensable de s’inventer des histoires pour garder espoir.


Le choix des contextes géographiques et historiques de la pièce n’est évidemment pas anodin.


Durant les années qui précédèrent l’insurrection hongroise, les intellectuels français durent faire face à un certain nombre de crises au sein du bloc soviétique qui commencèrent à fissurer leurs certitudes. La majorité des communistes pourtant accepta sans problème les interprétations qu’en donnait leur direction. Mais la répression de l’insurrection hongroise, qui était la promesse de l’avènement d’un socialisme véritablement démocratique, déclencha une vague de protestations d’intellectuels communistes qui refusèrent d’adopter les positions prises par la direction du Parti Communiste Français, totalement calquées sur celle du Kremlin.


Certains quittèrent alors le Parti, d’autres furent exclus. Et ceux qui firent le choix de rester durent taire leurs critiques. Ces événements marquèrent la fin des illusions et des aveuglements, volontaires ou non, de toute une part des penseurs et des artistes affiliés au PCF (Sartre, Montand et Signoret, etc).


Le 4 novembre 1956, toute une partie du peuple de gauche devient orphelin de ses idéaux au moment-même où, dans mon histoire, le petit Daniel est abandonné par sa mère.


Ce choix permet donc bien évidemment de faire résonner la grande Histoire avec la fiction intime. C’est surtout une manière de rappeler que nous avons désespérément besoin de récits invraisemblables, d’utopies donc, et que, comme l’histoire inventée par Victor Zellinger, ces utopies peuvent parfois croiser la réalité.

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