: Note d'intention
Les Règles du savoir-vivre dans la société moderne est un texte ironique, drôle et rythmé,
inspiré par un manuel de bonnes manières écrit en 1889 par la baronne de Staffe.
Jean Luc Lagarce s’amuse, au début années 1990, à commenter cet ouvrage, en ajoutant
des paraphrases ou commentaires avec une subtilité précieuse. Il parvient à poser un regard
espiègle et frondeur sur notre société actuelle, tournant en dérision les conformismes
sociaux. Il passe en revue tous les devoirs et les interdits des événements marquants de
la vie en société : la naissance, le baptême, les fiançailles, le mariage, les noces d’argent
et d’or, et le deuil : l’ensemble vu du côté de la bourgeoisie française plutôt catholique
conservatrice...
On imagine Jean Luc enfant, grandissant dans une ville de province fin des années ’50,
avec une certaine fascination pour ces modalités ; code d’entrée à une certaine idée de
l’ascension sociale. J’ai vu aussi ça de près dans mon enfance à Buenos Aires.
Malheureusement, aujourd’hui encore ce type de modèle de société donne toujours
matière aux politiques et médias : une société construite autour des intérêts économiques
de grandes familles, la pérennisation des réseaux d’ascension sociale et l’ordre moral
catholique.
S’ajoutent à notre version actuelle, la très fragile frontière de ces idées avec le racisme,
l’exclusion sociale qui ne cesse d’augmenter. Aussi l’important virage sociétal amorcé
par le mouvement #Metoo, donne au personnage joué par Catherine une force et une
subversion supplémentaires.
En plus d’une actrice géniale, Catherine est une femme libre et engagée qui donne une
sorte de décalage au texte de Jean Luc. Elle arrive à planter les règles avec une conviction
désarmante, tout en créant un espace de liberté, d’humour qui permet de mettre en
perspective la rigueur des propos. Elle joue une conférencière au ton compassé qui déroule
ce protocole des mœurs avec précision -première règle de la mécanique du comique-
On imagine cette partition écrite pour Jacqueline Maillan, dont Lagarce était surement
très fan.
Au-delà de l’humour, Catherine donne au personnage une humanité très forte, de
l’émotion, des éclats de lucidité. Et une grande intelligence dans tous ses partis pris pour
l’interpréter.
Nous nous retrouverons pour une cinquième collaboration en janvier 2023 avec la création de Music hall, pour justement entamer une tournée importante de deux textes ensemble. Se joindront à l’équipe deux acteurs pour incarner les boys. Il n’y a pas de partition plus parfaite pour raconter notre amitié fidèle, notre parcours d’éternels artistes sur les routes. Dans ce texte, Jean Luc décrit avec humour et délicatesse une vie d’actrice, prête chaque soir à recommencer cet étrange rituel qu’est le théâtre. Ça tombe bien, Catherine est incontestablement l’une de plus grandes actrices françaises que je connaisse.
Marcial Di Fonzo Bo - Janvier 2022
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