Compagnon artistique de longue date, Samuel Gallet est auteur et dirige le Collectif Eskandar, Compagnie qui suit, avec inquiétude et dans le refus de toute résignation et de tout cynisme, l’évolution de notre monde.

Nous avons bien conscience des métamorphoses profondes que subissent nos sociétés. Nous en sommes à la fois les acteurs, les spectateurs et, en tant qu’artistes, il nous appartient de tenter d’y apporter du sens.

Dans son parcours d’écrivain, Samuel Gallet décrit la destruction actuelle de nos structures, de nos schémas. Confronté comme chacun d’entre nous à l’inconnu qui nous attend, il construit une œuvre vibrante, s’appuyant sur la grande tradition d’un théâtre d’art, de récits, de dialogues, où se mêlent poésie, onirisme, musique et traitant de sujets brûlants. Sans jamais défendre de thèses autres que celles inhérentes à un théâtre humaniste, politique et profondément ancré dans la langue, dans les mots.

Sans craindre non plus la peinture de personnages, de situations dramatiques à incarner.

Mon Visage d’Insomnie est donc une commande dont le premier objectif était de permettre au Théâtre de l’Éphémère et à la Compagnie A l’Envi de partager une création. L’idée était de nous réunir au plateau pour une aventure pleinement artistique.

Si le propos de la pièce s’appuie sur la thématique et la problématique des « migrants », il s’agit d’abord d’une sorte de thriller, un scénario mêlant intrigue mystérieuse, fantastique et réalité politique.

Chacun des trois personnages « cabossés » de ce huis- clos cache un secret, chacun ment, chacun rêve d’un autre monde dans lequel l’amour, l‘empathie, la tendresse, l’utopie fraternelle l’emporteraient. C’est un conte ténébreux dans lequel les êtres sont aux prises avec une réalité invivable dont ils ne peuvent entrevoir de dépassement autre que dans un ailleurs rêvé, transcendé où les fantômes viennent nous parler.

L’auteur met en place une atmosphère oppressante, confinée. On y progresse à la manière d’une intrigue policière. Nous nous référerons à toute la mythologie des romans noirs (Elroy, Chandler, Poe, Daphné du Maurier...) de la littérature fantastique (Lovecraft, Stephen King...), du cinéma (Hitchcock, bien sûr, mais aussi « Get out » de Jordan Peele...). L’accompagnement sonore sera fondamental.

L’accent du travail de mise en scène portera principalement sur la direction d’acteur. Incarner la complexité, les secrets de ces trois personnages, leur quête, chacune singulière, leurs paradoxes sera l’objet central de notre recherche. C’est par eux, par les rapports tendus qu’ils tisseront entre eux, par leurs silences, leurs colères, leurs désarrois que la pièce se déploie.

Comment ne pas désespérer et faire de nos engagements des causes perdues ? Comment s’écouter ? Comment dire et convaincre que ce sont nos peurs qui nous anéantiront ? Comment faire que la folie de la destruction nihiliste ne soit pas le seul recours de nos instincts farouches ? Comment conjurer l’avenir ?