L’histoire commence dans une situation archétypale de la cellule familiale, premier lieu de rencontre et de sociabilité de l’enfant, dans la situation très quotidienne du petit-déjeuner.
Au moment où l’enfant décide de quitter sa maison, le périmètre autour d'elle s’élargit et son univers aussi. Le public découvre tous les personnages qui font partie, en quelque sorte, de la construction de cet enfant. À l’instar d’un cadavre exquis qui se compose à partir du dernier mot de la phrase précédente, l’histoire que nous inventons découvre une série de personnages qui s'inventent en fonction du précédent. Un personnage en appelle un autre, qui lui même en appelle un troisième, etc. Le public est emmené dans un voyage où les situations surgissent comme des souvenirs d'enfance, des fois harmonieux et drôles, parfois inquiétants.
Dans la forme, nous passons d’une manière très volontaire entre le réel et le fantastique, d’une situation quotidienne à son expression fantasmée comme une mutation permanente de notre regard jamais arrêté. Ainsi, nous partons d’un décor très repérable, une cuisine et sa table de petit-déjeuner, pour tendre vers la grotte secrète d’un ours lettré.
Nous partons du constat qu’on est tous fortement conditionnés par notre enfance et que l'on a tous des petits ou des grand traumas qui font partie de notre constitution et que l'on utilise une grande partie de notre vie d'adulte à essayer de comprendre ce qui appartient à nos parents et ce qui est vraiment nous-même. La victoire individuelle se situe dans notre capacité à transformer nos failles pour que celles-ci deviennent une force unique et personnelle, quelque chose qui nous accompagne au lieu de nous freiner.
Le parcours de l’enfant dans notre histoire symbolise en quelque sorte ce développement de la vie entière d’une personne mais en mode accéléré, rapide, direct, créatif, droit au but, volontaire comme un enfant qui agit au lieu de réfléchir. Dans notre histoire l’enfant se sent invisible auprès de ses parents mais, au lieu d'accepter ceci et de s’adapter, elle décide de lutter contre sa situation et de partir dans son propre monde imaginaire, comme un voyage initiatique.