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Métallos et dégraisseurs

mise en scène Patrick Grégoire

: A propos de cette histoire

Elle est simple, cette histoire. Voire basique.
C’est l’histoire de la grandeur et de la décadence de la métallurgie française, pour faire modeste.
C’est l’histoire de tant d’histoires. De tant de français qui ont cru que l’Histoire était un long fleuve tranquille.


Que l’industrie leur assurerait leur pain quotidien, à eux et à leurs enfants, et qu’il suffisait de s’inscrire dans le mouvement de la dialectique de la lutte des classes, concept si bien expliqué par le Parti Communiste, pour arracher aux patrons des avantages qui offriraient à l’enfant du métallo une vie meilleure que celle de son père. Le foetus mâle, dans le ventre de la femme du métallo, savait qu’il entrerait à l’usine. Peut-être même savait-il déjà le numéro de la tréfileuse que son père, fier, ému jusqu’aux larmes, lui léguerait le jour de son départ à la retraite.


C’était sans compter sur la formidable capacité d’adaptation d’un système dont l’intelligence, confinant au génie, est mise au service de sa seule obsession : la voracité.


La finance s’internationalise et prend le relais des « chevaliers d’industrie » déclinants. On organise la concurrence pour fabriquer du profit. Les usines ferment, sont déplacées, et les ouvriers licenciés sont classés inadaptés.


Le foetus, dans le ventre de la femme du métallo, capte un stress nouveau. Il n’imagine plus qu’il prendra la succession de son père.


Le village de Sainte-Colombe était né de l’usine au milieu du dix-neuvième siècle. L’entreprise avait fait construire des routes, des logements et jardins ouvriers, une école, et elle entretenait l’ensemble. Elle employait six cents personnes au début des années 1970. Elle en compte désormais une cinquantaine, en majorité intérimaires. Les toits des bâtiments qui ne servent pas ont été démontés, les logements et jardins ont été vendus.
Sainte-Colombe, qui vivait au rythme de l’usine, respire désormais à côté des restes qui expirent. L’entreprise est rachetée tous les deux ans. Le dernier propriétaire en date est un liquidateur indien fort célèbre, et les colombins attendent la fermeture de l’usine comme une fatalité programmée.


C’est cette histoire-là que je tente de raconter à travers sept générations de tréfileurs, à partir, essentiellement, d’interviews réalisées par Raphaël Thiery auprès d’anciens ouvriers de l’usine.

Patrick Grégoire

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