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Meine Kältekammer

+ d'infos sur le texte de Joël Pommerat traduit par Francesca Spinazzi
mise en scène Christoph Werner

: Un texte signé Joël Pommerat

Une histoire tissée de plusieurs fils


Ma chambre froide est une pièce à multiples entrées. Chaque scène correspond à une situation claire mais la multiplication des enjeux, la variation des points de vue et l'alternance des temporalités (passés lointains qui resurgissent, avenirs qui s’esquissent, scènes du présents prises sur le vif) restituent au drame toute sa riche complexité.


Au commencement de la pièce, tout pourrait avoir des allures de peinture de société : nous pénétrons les coulisses de la vie d’un magasin et y découvrons avec stupeur et une pointe de moquerie toutes leurs mesquineries. Le personnage principal, Estelle, qui sait toujours prendre « de la hauteur sur les choses », y travaille comme « polyvalente » – ce qui semble signifier que n’importe qui peut lui demander n’importe quoi à n’importe quelle heure. Autour d'elle, il y a Alain et Jean-Pierre, les deux bouchers, Bertrand, Adeline, Claudie, Nathalie et Chi, le Chinois qui vit depuis vingt ans en France et que personne ne comprend, sauf Estelle. Et puis, il y a le patron, Blocq. Cet homme riche, érotomane zélé mais pas particulièrement attirant, apprend qu'il est condamné par une tumeur au cerveau. Refusant de léguer ses biens à ses enfants naturels, il préfère les céder à ses employés du supermarché. En échange de cet héritage, les employés s'engagent à lui rendre hommage tous les ans en jouant un pièce de théâtre en son honneur. C'est Estelle qui se propose d'en devenir la garante et metteure en scène.


Et c'est alors que se tissent les différents fils de l'histoire. Parallèlement à la création de cette pièce, les employés doivent faire face à la gestion des différents biens de leur patron, et devenir patrons eux-mêmes. Estelle, que l'on pensait être une sainte vulnérable s'avère bientôt posséder un frère à l'autorité violente qui surgit dès qu'elle est en difficulté. Elle ne parvient pas, dit-elle, à le maîtiser. Mais qui est ce mystérieux personnage ? N'aurait-il pas un lien avec la mort du mari d'Estelle, retrouvé tué dans la chambre froide de l'arrièreboutique peu de temps avant l'annonce de la maladie de Blocq ?


Des entreprises et des hommes


Avec pour décor les coulisses d'un grand magasin, la pièce soulève immanquablement des questions très actuelles de notre société : comment un patron, sous prétexte qu'il possède l'entreprise peut-t-il avoir tout pouvoir sur ses employés ? Blocq, qui détient, en plus du magasin, une cimenterie, un bar de nuit et un abattoir affiche fièrement sa réussite : "Un travail, aujourd'hui, c'est un privilège, et un privilège, faut que ça se mérite. C'est ça la démocratie."
Mais en même temps, les personnages de Pommerat viennent troubler nos préjugés : le manichéisme qui tend à séparer les méchants patrons des bons employés est-il toujours recevable ? Ainsi, les employés-héritiers, futurs millionnaires, confrontés à la gestion des autres entreprises, sont très rapidement dépassés par leur tâche. L'homme n'est-il pas agi par la société tout autant qu'il y agit ? Le bien et le mal ne sont-ils pas intrinsèquement liés à la nature humaine ?
Cette essence profondément duelle et fragile de l'homme est l'un des aspects les plus saisissants de la pièce. Son incarnation par des marionnettes manipulées par – et en dialogue avec – leur double comédien prend dès lors tout son sens.

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