Ce que tu écris est parfois difficile à démêler pour moi.
(Le tressage du sens n'est-il pas un de tes procédés favoris, (et quand je dis tressage, c'est un euphémisme, c'est plutôt de labyrinthe (ou de nœuds, dans toutes les acceptions du terme qu'il faudrait parler).
Mais j'ai toujours à te lire une sorte de plaisir jubilatoire de voir commettre tant d'infractions aux codes de la logique, de la grammaire, de l'orthographe et du vocabulaire, bref, au consensus de la langue dominante.
En te lisant, je pense parfois à Jarry (Alfred) à Joyce (Ulysse) à Franz (Kafka) à Marx (Groucho) mais je pense surtout à la langue vraie de l'enfance. Il y a dans ton écriture comme une protestation sourde (enfantine justement) contre les mornes normes de la culture officielle.
Comme une sorte de combat personnel que tu mènerais contre le monde tel qu'on le parle et le français tel qu'on le pense. Un combat personnel où pourraient se retrouver tous ceux, exclus, inadaptés, décalés, dont le langage n'est pas celui de l'école et des médias.
En ce sens, un combat politique, même quand le texte, a priori, semble totalement se désintéresser de ce champ-là, ce qui n'est pas toujours le cas. Tout petit, il y a sans doute quelque chose que tu n'as pas supporté, mais quoi ? Ça restera ton énigme pour mon plus grand plaisir...

Yves Reynaud