Serge Valletti a écrit ce solo pour Monique Brun, qui le créa en 1988 au cinéma Eden à Grenoble, dans une mise en scène de Chantal Morel. Mary’s à minuit est le troisième solo des Six solos de Valletti, édités en 1992 chez Christian Bourgeois.

Maryse, c’est une femme qui parle. Elle n’a pas vraiment d’âge. Elle n’a pas vraiment d’identité. Elle s’appelle simplement Maryse, elle se tient simplement là, chez elle. Et elle nous parle, le temps d’une nuit. C’est tout ce que nous prenons d’elle, là, « à minuit ».

C’est tout, c’est presque rien, et c’est beaucoup. Car elle parle d’elle, de sa famille, de ces hommes qui l’entourent, de ses voisins, de la maladie qui est la sienne, et puis de la mer, et puis des voitures de sport, et puis...

Maryse n’a pas d’âge car c’est par ses mots qu’elle existe.
Peut-être n’est-elle pas sortie depuis bien longtemps de cette pièce fermée d’où elle nous parle, mais elle voyage par la parole, et c’est en ça qu’elle a déjà beaucoup vécu.

Ce qui est vrai ou ne l’est pas, ce qui est de l’ordre du réel témoignage ou du pur fantasme, ça n’a aucune importance. Ce qui compte c’est qu’elle ne s’arrête pas de parler ; ce qui compte c’est ce déversoir de mots, cette logorrhée qui nous cueille avec humour et folie. Tout se mélange, tout se brouille, on perd le fil de l’histoire. Et l’histoire, d’ailleurs, il n’y en a pas vraiment. Et il y en a mille.
Peut-être que Maryse la réinvente toutes les nuits.

C’est cela qui fait la force de ce solo : une femme, une solitude, un instant isolé dans la nuit, une parole - une parole qui ouvre un monde.