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Les Sables de l’empereur

mise en scène Victor De Oliveira

: Créer ensemble

Par Victor de Oliveira

Mettre en collaboration le peintre mozambicain Butcheca, avec la créatrice vidéo française Eve Liot, est une façon non seulement d’aller vers l’Autre, mais aussi d’inventer des formes qui peuvent naître de la rencontre de ces deux univers.


Faire rencontrer le jeune musicien mozambicain Ailton Matavela avec le créateur français Samuel Gutman, va dans le même sens. Ainsi comme avoir une équipe d’interprètes mozambicains, portugais et français. À l’endroit du plateau et du jeu, les frontières des différentes « écoles », n’auront plus aucune valeur puisque les questions seront les mêmes : africains, européens, Blancs, Noirs, Métisses, comment peut-on faire pour raconter la même histoire ? Le théâtre est notre langage commun, alors puisque sur ce terrain- là les frontières n’existent pas, comment pouvons-nous inventer ensemble, créer ensemble ?


A chaque fois qu’on m’a posé des questions sur le théâtre contemporain de mon pays de naissance, cela a toujours été difficile de répondre puisqu’il est encore si jeune qu’il serait difficile de parler d’héritage théâtral.


Mais c’est seulement vers la fin des années 80 que les portes s’ouvrent à une nouvelle réflexion sur l’identité́ mozambicaine et la notion d’un théâtre de véritable production nationale. Néanmoins, après la guerre civile qui a meurtri le pays et avec la démocratisation de la télévision, l’art qui intervient et qui questionne la structure sociale est de plus en plus délaissé étant donné que les processus culturels se basent dans une logique de marché en vue d’un développement économique.


Difficile donc dans ses conditions d’interroger, questionner, chercher, créer. Difficile de réécrire l’héritage historique et traditionnel comme un rempart envers les mystifications et les exotismes inventés par la pensée coloniale.


Mais alors, que pouvons-nous inventer aujourd’hui ? Comment pouvons-nous nous « décoloniser » des formes et cadres occidentaux ?


Il n’y a rien d’arrogant dans cette question. Il s’agit d’une vraie interrogation. Une interrogation qui m’a accompagné à chaque fois que je suis allé à Maputo pour diriger des ateliers de formation. Comment donner simplement des outils sans formater, sans trop imposer une façon de faire, de dire, de construire, de raconter des histoires.


Si, aujourd’hui encore, il nous est difficile de parler du théâtre contemporain mozambicain, puisque ce pays est à ses débuts avec seulement ses 45 ans d’indépendance, tout reste à faire et tout est possible. Et ce champ des possibles est une fabuleuse aire de jeu où contourner les codes et les conventions du théâtre occidental ne serait pas juste un désir formel mais plutôt une nécessité d’indépendance réel et de besoin créatif original.


Tout reste donc possible et, Les sables de l’empereur, sont un fabuleux champ des possibles.

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