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Le Nom

+ d'infos sur le texte de Jon Fosse traduit par Terje Sinding
mise en scène Christian Colin

: Visions croisées

Le petit espace que je remplis et même que je vois abîmé
dans l'infinie immensité des espaces que j'ignore et qui m'ignorent,
je m'effraye et m'étonne de me voir ici plutôt que là,
car il n'y a point de raison pourquoi ici plutôt que là,
pourquoi à présent plutôt que lors
Blaise Pascal, Pensées



Visions croisées : Jon Fosse / Christian Colin


Les bruits de Strandebarm sont au fondement de tout ce que j'écris. L'obscurité de l'automne. Un garçon de douze ans qui longe un chemin étroit du village. Le vent et la pluie battent, le fjord écume. Une maison isolée avec une fenêtre éclairée. Une voiture peut-être est passée. Ces choses sont au fondement de tout.
La tragédie chez Fosse réside dans l'absence de catastrophe. Même Bjarne, l'amour de jeunesse de la fille, qui semble d'abord apporter un soupçon de mouvement ne peut pas échapper à l'immobilité de l'histoire. A la fin Beate, l'heureuse, est dans la même situation qu'au début. Seule elle attend… L'histoire peut recommencer.


Je cherche une écriture simple et concrète et j'espère toucher en même temps aux grandes questions de la vie.
Les textes de Jon Fosse sont des pièces d'une parole intime sans explications psychologique ou sociale. Au centre de ses textes se trouvent toujours les mêmes enjeux : l'amour et la mort. Mais comment nommer l'innommable avec les moyens de l'écriture, dont l'élément caractéristique d'origine est par définition la parole ? Un paradoxe que Jon Fosse tourne -par la densité et le rythme musical de sa langue et son attitude répétitive (qui donne une dimension liturgique à son théâtre) ainsi que par l'omniprésence du silence qui s'appuie sur les relations des êtres et non sur l'intériorité des personnages.


J'aime mes personnages même s'ils sont parfois maladroits. Aucun n'est jamais mauvais en soi. Les êtres humains n'ont pas un caractère défini… Ce n'est pas notre identité mais nos relations qui mènent nos vies. Et il n'y a pas d'autre forme d'art que le théâtre qui permette de représenter ce jeu de la communauté humaine.
L'univers de Fosse est un monde où les êtres ont perdu ou n'ont jamais trouvé leur nom. Refusant ce qu'il appelle "la dimension bourgeoise", l'aspect biographique de ses personnages, il nous montre dans Le Nom une description précise du néant quotidien en nous amenant, en passant, vers une réflexion poétique et universelle sur les premières et les dernières questions. L'enfant préexistant, l'enfant qu'on attend, devient "l'innommable" et en plein centre de la plus grande évidence de la vie -donc la vie elle-même- on se retrouve (comme dans la réalité) brusquement confronté aux questions métaphysiques les plus profondes. Ces questions n'impliquent pas seulement l'angoisse existentielle et l'isolement de la nature humaine, mais aussi une légère consolation sur l'absence du sens, un petit sourire serein qui nous laisse entendre que notre fragilité essentielle est (peut-être) la seule signification de "l'exception humaine".

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