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Le Mardi à Monoprix

+ d'infos sur le texte de Emmanuel Darley
mise en scène Michel Didym

: Lucien Attoun s’entretient avec Jean-Claude Dreyfus

extrait du Journal de Théâtre Ouvert n°25 (oct.- nov.-déc. 2009). Transcription : Valérie Valade

Lucien Attoun – Comment s’est faite la rencontre avec Michel Didym et Emmanuel Darley ?


Jean-Claude Dreyfus – Michel m’a invité à la Mousson d’été il y a deux ans et demi, pour lire deux textes, dont Le Mardi à Monoprix d’Emmanuel Darley. Quand j’ai découvert le texte, j’ai adoré. Je connaissais le travail de Michel, mais on ne se connaissait pas bien. Avant d’aller à Pont-à-Mousson, en me baladant, j’ai trouvé sur un marché provençal une robe, qui est restée dans le spectacle.


(…)


L. A – Je me souviens quand vous avez fait votre entrée, avec cette robe, on aurait pu se dire : « Est-ce qu’il va ajouter quelque chose ? Est-ce qu’il va en faire un peu trop ? » Mais ces questions ont été balayées en trente secondes. C’est-à-dire que Jean-Claude Dreyfus était d’une délicatesse énorme, en disant, en somme : « Je ne suis pas celle que vous croyez ».


J-C D. – Oui, c’est un personnage tout en émotion, en sensibilité. Mais en fait, au moment de la Grande Eugène, même si c’était du cabaret, on était aussi d’une grande sévérité. Le deuxième spectacle que l’on a fait avait eu un peu de mal à prendre : on avait décidé de faire sobre, avec une grande simplicité dans les maquillages et les gens étaient très surpris. Tout d’un coup, ils ne voyaient plus « les travelos », mais des personnages qui venaient plus d’un théâtre dans le style du théâtre Nô, d’un théâtre élégant et arrogant. Mais très vite ils ont compris et suivi … Là, avec Michel on est parti vers une chose assez subtile... je n’aurais pas voulu aller ailleurs non plus.


L. A – Au fait, qui est Marie-Pierre ?


J-C D. – Marie-Pierre ? C’est le fils de deux personnes qui vivent dans une province, et qui au cours de son enfance a réalisé qu’il n’était pas vraiment fait pour être un garçon. Il a dû prendre un peu de temps pour réaliser sa transformation, pour être telle qu’elle apparaît. On va dire quand même que je suis une dame d’un certain âge, de mon âge en tout cas. Donc il a dû prendre un peu de temps. Ses parents et surtout son père n’ont pas bien compris et surtout accepté comment Jean-Pierre était devenu Marie-Pierre. « Papa » n’arrive pas bien à saisir cette réalité : « Jean-Pierre ! Mais tu pourrais au moins mettre un pantalon Jean-Pierre. Tout de même. Un pantalon. » Sa mère vient de mourir, Marie-Pierre est partie vivre à 80 kms, dans une autre petite ville. Là, elle est comme elle est, « telle quelle », comme elle dit. Elle vit sa vie de femme, même si on la regarde parce qu’elle est grande, parce que je ne sais quoi... En tout cas, personne ne l’a connue avant, elle est intégrée. Dans la pièce, elle revient dans la ville de son père. Elle aime son père malgré tout, elle vient régulièrement lui faire sa vaisselle, sa cuisine, son ménage.


L. A – Ses courses, le mardi à Monoprix.


J-C D. – On descend dans la rue où on croise des regards qui ont connu ce petit garçon avant, le père a honte, il marche derrière. C’est un vrai propos sur l’exclusion. D’ailleurs depuis deux ou trois mois, Madame Bachelot – qui peutêtre elle-même d’ailleurs… je me suis posé la question… mais, on ne sait pas – a dit que la transsexualité n’était plus une maladie mentale. C’est officiel maintenant : les transsexuels – et j’en connais quelques-uns – ne sont plus des malades mentaux. À savoir quand même que les homosexuels, c’est depuis 1983.


L. A – On progresse…


JCD – À petits pas…


(…)


L. A – Le Mardi à Monoprix démarre la saison 2009/2010 avec une très belle tournée.


J-C D. – De septembre à mi-janvier. Et en novembre, nous sommes à Théâtre Ouvert. Je pense que c’est le lieu idéal, parce que c’est un lieu de culture et d’auteurs contemporains, et aussi parce que c’est à Pigalle, que c’est à côté du Moulin Rouge ! Je trouve que c’est très bien pour moi de faire le lien.

Raphaëlle Pignon

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