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Le Jour est la nuit

+ d'infos sur le texte de Riad Gahmi
mise en scène Riad Gahmi

: Pourquoi j’écris sur le conflit israélo-palestinien ?

Mon désir de travailler sur ce projet remonte à mes années de vie en Égypte. Il est clair que ce sont mes origines libyennes et mon besoin de m’initier à la langue de mon père, qui m’ont conduit à partir pour Le Caire en 2007, au terme d’une année de permanence au centre dramatique national de la comédie de Saint-Étienne.
Mais j’éprouvais aussi et surtout la nécessité de me positionner en tant qu’artiste, en France et par rapport au paysage théâtral français, et de prendre du recul.


Paradoxalement, la France s’est très vite ré-imposée au centre de mon travail puisque j’ai tenu dès mon arrivée, et pendant deux ans, une tribune vidéo consacrée à sa politique, et à la dénonciation d’une certaine rhétorique de pouvoir raciste, conservatrice et néocolonialiste, surtout dirigée contre les populations arabes.
En fait, ma double culture s’est accomplie au Caire, et c’est cette posture de « l’entre deux rives » qui anime mon travail depuis, et sous-tend mon language théâtral.
Étrangement, ma démarche d’apprendre l’arabe a eu pour effet un retour vers le français, une intuition plus aiguisée de ma langue maternelle, de sa métrique, et de la conception du monde qu’elle induit.


Ce déplacement m’a donc permis d’acquérir une lecture et une compréhension plus profonde de l’Histoire de ma culture, de son passé colonial, mais aussi de sa langue et sa littérature, puis en extrapolant, de l’Histoire des rapports entre l’Occident et les pays arabes, dont l’État d’Israël et le conflit israélo-palestinien sont les symboles brûlants, d’où qu’on se place et d’où qu’on parle.
En 2008, par exemple, Israël célébrait son jubilé, à l’occasion du cinquantième anniversaire de sa création, tandis que le peuple palestinien commémorait l’anniversaire du même événement, mais cette fois sous le nom de nakba (la catastrophe), avec un grand écho au sein du monde arabe.
La chose troublante a donc été de constater à quel point les médias occidentaux et arabes se faisaient les relais de deux récits complètement différents, voire contradictoires.


C’est cette polysémie qui m’a convaincu qu’il y avait là matière à écrire du théâtre en français, et à fortiori quand ce sujet fait le lien avec des problématiques identitaires plus personnelles à la base même de mon engagement artistique.
Parce que si l’on dépouille un tant soit peu le conflit israélo-palestinien de sa dimension religieuse, qu’on l’envisage sous un angle profane, il nous renvoie en fait crûment à un conflit colonial, comme le monde en a connu tant et tant avant lui.
Et si l’état d’Israël est aujourd’hui reconnu internationalement, compte tenu bien sûr de l’histoire de son peuple, il demeure le droit du peuple palestinien à vivre sur ses terres.
Le problème qui se pose donc, de la même façon qu’il se pose dans tout Etat, et chez tout individu, est littéralement celui de la coexistence.

Riad Gahmi

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