: Propos de Julien Gracq
« A une époque où il s'agit avant tout de réinvestir l'homme de ses pouvoirs, dont chacun s'emploie à le démunir, il y a un pari surréaliste qu'il vaudrait peut-être, même maintenant, même encore, la peine de tenir. En face de l'homme à terre, qui est le thème préféré de la littérature d'aujourd'hui, dressant la figure de l'homme en expansion, triomphant un jour de la mort, triomphant du temps, faisant enfin de l'action la soeur même du rêve, le surréalisme vit peut-être à la manière de ces petites lumières que les hommes emportaient dans les cavernes au temps où s'étendait sur la terre le grand embâcle des glaciers, mais l'étincelle qu'il porte est la plus précieuse parce qu'en cette époque d'oppression et d'angoisse seul il garde et il exprime à de rares intervalles « ce sentiment du oui porté au sommet d'instants que traversent frissons, battement d'ailes » où tout le possible est en éclosion, et toute l'espérance enfermée. Au milieu d'une époque qui l'abdique, il est un acte de foi sans retour dans la puissance inconditionnée de l'esprit. »
Julien Gracq
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