: L’Histoire
Par François Hien
Le père Goujon a été privé de paroisse en raison d'une liaison amoureuse qu'il n'a pas voulu interrompre. Devenu le confesseur des « double-vies » des hommes d'Eglise, il reçoit un jour la visite du père Grésieux, qui lui raconte une histoire terrible. Le père Goujon décide de le dénoncer à la justice, ainsi que le cardinal Millot, au courant des agissements du père Grésieux, mais qui ne l'avait pas sanctionné.
La pièce débute lors d'une visite que rend le cardinal Millot au père Goujon, à la veille de l'ouverture de son procès. Le cardinal cherche à convaincre le père Goujon de retirer son témoignage contre lui. En raison d'un secret, d'une faille intime qui le contraint, Goujon cédera et retrouvera une paroisse.
Quelque temps plus tard, un jeune homme, autrefois victime du père Grésieux, rend visite au
père Goujon. Très véhément, il cherche à comprendre pourquoi le père Goujon a retiré son
témoignage.
Les deux hommes entament une curieuse relation, qui constitue le cœur de la pièce. Peu à
peu, les secrets de Goujon émergent. Le dialogue entre les deux hommes devient une boîte
à images d'où surgissent les souvenirs d'une histoire douloureuse.
L'histoire de La Peur est assez complexe. La lecture publique que nous en avons donnée m'a
convaincu qu'elle se suit très facilement ; cependant, il y a plusieurs retours en arrière, et un
décentrement du propos par rapport à la thématique de départ, qui rendent malaisé le
résumé.
Le récit fonctionne selon un principe de poupées gigognes : on aborde l'histoire par un certain plan, puis l'enquête nous fait creuser la personnalité du père Goujon et découvrir d'autres thèmes cachés, jusqu'à ce que le thème central de la pièce apparaisse : celui de la peur et du mensonge.
La Peur décrit une institution gangrenée en profondeur par le mensonge. La peur du titre est abordée dans la polysémie du terme : peur existentielle, peur de voir révélés ses secrets, peur de perdre son amour, peur de la solitude, peur du scandale... Toutes ces peurs qui imposent le silence et figent dans l'immobilisme. Par-delà ses détours et ses fausses pistes, la pièce raconte l'histoire d'une libération : celle d'un homme qui s'affranchit de la peur. Ce faisant, il parvient à se rassembler, affronter ce qu'il est, et se rend capable d'un acte de courage.
Ainsi, malgré la dureté des thèmes qu'elle aborde, la pièce est-elle assez lumineuse. La
relation entre Morgan et le père Goujon, au centre du récit, tient du buddy movie : ces récits
où deux personnages très différents sont forcés de cohabiter et apprennent à s'apprécier.
C'est aussi une relation maïeutique, qui permet d'extirper un homme de sa paralysie
mentale et de lui faire rattraper ses erreurs.
J'ai écrit La Peur de mai 2019 à septembre 2020, de loin en loin, au cours d'une période
globalement compliquée. Depuis qu'à ma grande surprise je suis devenu auteur de théâtre,
il y a maintenant quatre ans, c'est le texte qu'il m'a été le plus difficile d'écrire, et qui m'a
demandé le plus de temps. Je crois pouvoir dire que cette pièce est la plus personnelle que
j'aie écrite. Peut-être aussi la plus douloureuse. Même si, me semble-t-il, c'est une pièce qui
conduit vers la lumière. C'est en tout cas ainsi que je l'ai vécue, en l'écrivant ; et j'aimerais
que ce soit ainsi que le spectateur la ressente. Une pièce de libération.
Pour écrire cette histoire, je me suis inspiré de plusieurs sources, certaines dicibles, certaines
secrètes. Je vais essayer de les détailler.
- plus d'infos dans le dossier de presse en PDF
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