: La provoc de Thomas
par Thomas Piasecki
Adapter avec Thomas, jeune auteur contemporain, c’est aussi darder sur Beaumarchais d’une autre lumière et me donner un autre son de cloche ! Pour ce dossier, j’ai demandé à Thomas un petit mot, insolent ai-je précisé. Avec Beaumarchais et plus précisément La Mère Coupable, la réécriture pourra être assez libre étant donné que quasiment personne ne connait l’histoire de la pièce !
Il est toujours intéressant de parler des ennuis de la bourgeoisie face à des bourgeois... Depuis l’adaptation au théâtre de Grand Cahier par Laurent Hatat quand j’étais au lycée à celle d’Histoire de la Violence en passant par HhhH et Retour à Reims, je me suis toujours dit : « le choix du livre me plait et l’adaptation théâtrale est largement réussie » alors pourquoi pas faire de même avec une œuvre poussiéreuse ?
Et me voilà servi !
Des jeunes et des vieux, faire troupe
l y a de très beaux rôles d’acteurs mûrs pour les personnages
d’Almaviva et Rosine, de Figaro et Bégearss. C’est le trio central du
Barbier de Séville / La précaution inutile que l’on retrouve ici vingt
ans après, certes flanqué d’un nouveau méchant, Bégearss, une
sorte d’avocat d’affaire ambitieux et retors.
Et ils sont assez fidèles à eux-mêmes : Figaro y est hâbleur,
drôle et hyperactif, le Comte est assez odieux, bien orgueilleux
mais heureusement résiliant, Rosine, douée d’une trop grande
sensibilité qui la dévore de l’intérieur, est en proie à une sorte de
folie religieuse.
Dans notre adaptation, il y a aussi trois autres très beaux rôles
pour de jeunes acteurs. Les deux enfants du couple, Léon et Flore
tous deux bercés par les idéaux révolutionnaires et en rupture avec
le conservatisme paternel et la fibre religieuse maternelle.
Suzanne, prête à s’émanciper, est à peine plus âgée que les précédents. Rendre vivant au plateau cet écart générationnel fait le
sel de l’affaire. Cela nous fait balancer du côté de la comédie pour
revenir aussi vite dans le drame. Notre relecture décapée s’incarne
dans une distribution volontairement contemporaine où les enjeux
générationnels seront mis en pleine lumière.
Dans un espace baroque et multilingue
Imaginons un peu : le chaos
règne dans Paris. La famille
est à peine débarquée du
Mexique pour rejoindre Flore,
les malles ne sont pas encore
défaites. Des expatriés !
Ce petit monde décalé,
multilingue et dysfonctionnel
fait escale là où c’est possible.
Ce sera la scène d’un théâtre
désaffecté, désacralisé en
somme... On y parle l’espagnol,
l’arabe, l’anglais et l’allemand,
et comme par magie, dans cet
odéon occupé, en guise d’interprétation simultanée, le français
s’illumine sur le mur. Refuge en
temps de guerre, dernier tour
de piste, la scène abandonnée
redevient le lieu de la vie.
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