La liste nous parle d’une femme écrasée par la culpabilité, hantée par la question : que n’ai-je pas fait pour éviter cela ?

Une parole de femme seule, au public.

Mais elle n’est pas seule : Caroline la jeune femme morte est omniprésente. Ce ne sera donc pas un monologue mais ce soliloque ne pourra se faire qu’avec l’écho de la disparue présent constamment. Nous aurons donc deux personnages au plateau ; une musicienne (l’esprit de caroline) qui créera au plateau la musique des émotions. La musique pourra être le dialogue que ces femmes n’ont pas eu. La femme qui en racontant cette histoire se libérera peu à peu de son poids.

Travailler sur les silences comme autant de portes ouvertes sur l’intimité de la femme.

Travailler sur l’enfermement, physique ( les listes les boites la maison les taches quotidiennes..) et moral (la solitude, l’absence du mari, l’éloignement de tout…).

Faire se répondre le texte, les émotions de la femme et la musique « essence » de caroline.

Travailler sur l’émotion en supprimant tout pathos, la puissance des mots et du rythme des phrases.

Travailler sur la résilience du personnage, comment la parole dite libère et permet de comprendre l’acte.

J’imagine le plateau délimité comme un plan de maison avec ses murs justes dessinés.

J’imagine un espace géométrique où les déplacements et les actions répétitives du personnage s’inscriront.

Peut-être une immense liste se déroulera en fond de scène comme un rideau sans fin.

Nous travaillerons avec un chorégraphe pour décoller de la réalité les mouvements répétitifs de la femme ; Je lui demanderais aussi un regard sur les rapports entre les deux personnages et l’évolution de leurs rapprochements dans l’espace.

Des pistes bien sur mais ce texte se révèlera au plateau. Les répétitions vont nous faire plonger dans l’univers de ces personnages et nous ouvrir d’autres portes pour amener au public ce qui reste pour moi l’essentiel du théâtre : l’émotion et la vie.

Nous travaillerons aussi sur une forme « appartement » de ce spectacle. Une comédienne, une musicienne, un texte fort…Forcément un grand moment dans l’intimité d’un intérieur.

Yves Chenevoy